Volodymyr Zelensky s’efforce d’inspirer la confiance, affirmant « Nous maintenons le contrôle partout », dans un message vidéo diffusé le lundi 20 mai, suite à une rencontre avec son état-major. Cependant, la tension reste élevée dans le camp occidental suite à l’ouverture d’un nouveau front par la Russie dans le nord-est de l’Ukraine. Depuis le franchissement de la frontière qui sépare les deux pays par les forces russes le 10 mai, celles-ci ont acquis plus de 150 km2 de terres dans la région de Kharkiv. Dans les dix jours qui ont suivi, une dizaine de villages et hameaux ont été capturés, forçant à plus de 14 000 résidents à être éloignés de la zone de combat, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Selon les analystes occidentaux, cette expansion sur un nouveau front a été soigneusement planifiée par le Kremlin. Pendant des mois, les forces russes ont stagné dans le Donbass. En un an seulement, les villes les plus significatives que Moscou a réussi à capturer ont été Bakhmout, en mai 2023, et Avdiïvka, en février, faisant chaque fois des pertes considérables. Pour le président russe, Vladimir Poutine, l’objectif principal de la guerre est la conquête complète du Donbass, partiellement occupé depuis 2014, suite à l’échec de l’« opération militaire spéciale » qui devait permettre une prise de contrôle rapide de l’Ukraine.
En initiant un nouveau conflit dans le nord de l’Ukraine, la Russie parie sur l’épuisement des Ukrainiens, qui sont engagés dans la guerre depuis plus de deux ans, et leur incapacité à maintenir leur position sur l’ensemble du champ de bataille, qui s’étend sur environ 1 000 km. « En franchissant la frontière à cet endroit précis, les Russes prolongent la ligne de bataille, forçant ainsi les Ukrainiens à réorganiser leurs troupes latéralement, ce qui risque d’affaiblir leurs positions dans d’autres régions, telles que l’est ou le sud du pays », explique Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’Institut d’études de stratégie et de défense.
En réalité, l’acquisition de Kharkiv, la deuxième ville la plus densément peuplée de l’Ukraine (avec une population d’environ 1,4 million avant la guerre), semble être hors de portée pour les Russes, même si leurs troupes les plus en pointe se situent à seulement 30 km de la ville. « Mais il ne s’agit pas de leur but. Ce que les Russes visent, c’est de forcer les Ukrainiens à déplacer leurs meilleures brigades mécanisées dans cette région, celles qui maintiennent le front dans le Donbass », analyse Stéphane Audrand, consultant en risques internationaux et officier de réserve, qui y voit une leçon pour l’armée française : « Les Russes démontrent qu’une simple masse de conscrits mal formés armés de manière défaillante peut suffire pour réaliser une percée. La quantité compte! »
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