Le général To Lam, actuel ministre de la sécurité publique au Vietnam, a accédé à la présidence après plusieurs mois de flottement au sommet du pouvoir. Cette élection semble représenter une avancée importante dans les intenses batailles pour le pouvoir qui ont marqué le régime de parti unique ces dernières années. M. Lam, un ambitieux et puissant politicien, semble avoir été le grand gagnant de cette lutte, ayant été élu par l’Assemblée nationale le mercredi 22 mai, sur la recommandation du parti. Parmi les 473 députés, 472 ont approuvé cette décision lors d’un vote secret, d’après la chaîne de télévision d’Etat.
Depuis le mois de mars, le Vietnam était sans président, suite à la démission inattendue de Vo Van Thuong. Ce dernier avait déjà remplacé un prédécesseur qui avait également démissionné après seulement un an de service à ce poste, qui est largement symbolique et se place au second rang de la hiérarchie de l’Etat-parti. Le véritable pouvoir suprême au Vietnam est détenu par le secrétaire général du PCV (Parti communiste vietnamien), actuellement Nguyen Phu Trong, en poste depuis 2011.
À la fin du mois d’avril, c’était le tour de Vuong Dinh Hue, président de l’Assemblée Nationale et quatrième « pilier » de l’État-parti, de démissionner. Il a été suivi le 16 mai par Truong Thi Mai, la seule femme faisant partie du bureau politique du PCV, l’organe dirigeant du parti. À présent, le bureau ne compte que douze membres, ayant perdu six de ses membres suite à une série de démissions qui ont suivi le congrès de 2021 – une fuite sans précédent dans son histoire. Suite à la présidence du pays par To Lam, le comité central du PCV a proposé des remplaçants pour les autres postes vacants du bureau politique et de l’État. Ces postes sont ensuite « élus » par l’Assemblée Nationale – une simple formalité dans ce système de parti unique.
Les dirigeants ont officiellement démissionné à cause de « violations et de lacunes » mystérieuses dans la gestion des affaires de l’État qui, selon certaines personnes, auraient « eu une influence négative sur l’opinion publique » et auraient « porté atteinte à la réputation du parti, de l’État et d’eux-mêmes ». En d’autres termes, leur départ signifie une sortie honorablé et négociée face aux affaires de corruption qui les entourent de près ou de loin. Et il y en a beaucoup: depuis le lancement en 2016, par le chef du PCV, Nguyen Phu Trong, d’une large campagne anticorruption et de « moralisation » du parti intitulée « Fournaise Ardente », des centaines de membres du parti, ainsi que des entrepreneurs riches et célèbres, ont été sévèrement condamnés.
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