Alors que l’on parcourt une version française d’un manga, il n’est pas inhabituel de rencontrer un terme japonais qui est couramment utilisé au Japon : « otaku ». Jadis, ce mot était utilisé pour parler respectueusement à une autre personne et se traduit mot à mot par « celui qui reste à la maison ». Cependant, sa signification actuelle a été popularisée en 1983 par l’auteur Akio Nakamori, qui s’est autoproclamé représentant de la communauté otaku.
Ce terme est souvent utilisé de manière péjorative pour désigner un homme qui est en proie à des obsessions liées à la culture japonaise et à l’omniprésence de la technologie, entraînant un type d’ « abdication sociale », comme l’a souligné le chercheur français Nicolas Oliveri en 2007 dans son essai « Le phénomène japonais otaku » publié dans la revue Communication & Langages. L’otaku a commencé à se répandre en Occident, et surtout en France, dans les années 80–90, surtout grâce à l’émission pour enfants « Club Dorothée », diffusée sur TF1 de 1987 à 1997. Les » anime », séries animées inspirées des mangas, y étaient omniprésentes et ont marqué toute une génération de jeunes fascinés par la culture japonaise.
Au cœur d’une réalité artificielle, l’otaku, française ou japonais, collectionne les figurines anime et tient une waifu (dérivée du mot anglais wife, « épouse »), un personnage imaginaire qui symbolise son idéal féminin et qu’il trouve attirant, à tel point qu’il peut même en tomber amoureux. L’otaku français est abonné à Weekly Shonen Jump, un magazine hebdomadaire qui publie des mangas en pré-lancement et a vu naître des succès tels que « Dragon Ball » ou « One Piece ». Bien que le magazine soit en japonais, que l’otaku ne comprend pas réellement, cela ne l’empêche pas de le chérir comme un objet sacré.
Cet individu est rarement vu à l’extérieur, appréciant particulièrement le travail à distance. Suite à la pandémie de Covid-19, il a considéré l’adoption du travail hybride comme un avantage, estimant que cette période passée en confinement total chez lui était l’époque la plus précieuse de son existence, à l’image d’une larve enserrée dans son cocon de soie.
Guide pour préparer des mochis
Certes, il aime son espace personnel et peut passer plusieurs semaines d’affilée à domicile. Les achats ? Il se fait livrer à domicile sans hésitation. Lorsque le réfrigérateur est vide, les applications de livraison de nourriture deviennent ses alliées de choix. Armé de yakisoba et de baguettes, il s’installe en position assise pour regarder une vidéo du youtubeur français LeChefOtaku (avec plus d’un million de followers) sur son moniteur d’ordinateur.
Dès qu’il en a l’occasion, il se plonge dans un guide pour apprendre à fabriquer des mochis, de petits gâteaux faits de riz collant, ou un ramen, un bol de soupe composé de bouillon miso, de nouilles et de viande. Il adore la cuisine japonaise, à tel point qu’il se rend chaque semaine jusqu’à une des destinations asiatiques situées sur la rue Sainte-Anne, au centre de la capitale, même s’il habite en région parisienne. C’est sa manière de savourer des plats délicieux en compagnie de ses amis proches.
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