Face à l’une des plus sévères crises immobilières que le pays ait jamais connues – une crise de l’offre marquée par un effondrement drastique de la construction et une crise de la demande où de nombreuses familles de la classe moyenne et de la classe ouvrière peinent à se loger, le gouvernement a trouvé la solution clé. Il envisage de mettre fin simultanément à l’article 55 de la loi sur la solidarité et le renouvellement urbains (SRU) en y intégrant les logements dits « intermédiaires », et à ce qu’il qualifie de « logement social à vie ». Ceci revient donc à blâmer les locataires de logements sociaux pour les déséquilibres actuels, plutôt que ceux qui profitent de la spéculation immobilière, que ce soit sur le terrain ou sur les bâtiments.
En cette période de discorde généralisée, cela peut potentiellement conduire à quelques succès temporaires aux dépens des pauvres et des ménages à revenus médians (un peu moins de 2000 euros par mois pour une personne seule et de 3500 euros pour un couple avec un enfant), et précisons-le, aux dépens des habitants des quartiers peu favorisés et de leur diversité, servent encore une fois de boucs émissaires aux troubles sociaux. Pour la santé sociale du pays et sa stabilité, c’est un drame.
Des critiques ont également bien fait de souligner au ministre du logement que l’actuel parc social accueille 35% de ménages sous le seuil de pauvreté, que des mesures légales existent déjà pour que les locataires qui ont progressé socialement paient plus, voire quittent leur logement, et surtout que les mesures proposées ne permettront pas aux 2.4 millions de ménages en quête d’un logement social de stabiliser leur parcours de vie.
Une loi qui donne raison aux élus hors la loi.
Aucune mesure ne semble faire une différence, même pas le rejet rarement massif par le Conseil National de l’Habitat (CNH) le 24 avril, du projet de loi. L’objectif est d’alléger le fardeau du logement pour les familles qui peuvent se permettre les loyers des logements qualifiés d' »intermédiaires » ( environ 1700 euros pour un T3-T4 dans certaines communes de la première couronne parisienne, 1200 euros en région). Cependant, cela sert principalement de prétexte.
Cette loi soutient les politiciens qui violent la loi, certains depuis plus de deux décennies. Ils dirigent les communes qui sont dites ‘déficientes’ car ils ne font pas consciemment construire des logements sociaux comme requis par la loi SRU. Certains vont même jusqu’à dire qu’ils préfèrent payer des pénalités plutôt que de construire en fonction des nécessités. Cela récompense ceux qui contribuent à renforcer « l’isolement par le haut » de la société française. Comment ne pas remarquer qu’en facilitant la production de logements intermédiaires en pleine crise du bâtiment, cela entraînera inévitablement moins de logements sociaux ?
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