Le lundi 20 mai marquait une date significative dans l’histoire du Royaume-Uni. Après plus de quatre décennies depuis l’identification des premières contaminations et les soupçons initiaux, les plus de 30 000 personnes impactées par le scandale du sang contaminé britannique ont finalement reçu la reconnaissance qu’elles revendiquaient depuis longtemps. Le rapport final d’une enquête publique, initiée en 2017, a été dévoilé et les coupables ont été désignés. Selon Sir Brian Langstaff, juge à la retraite qui présidait l’enquête, ce n’était pas un simple accident. L’infection s’est produite car ceux au pouvoir – médecins, autorités du sang et gouvernements successifs – ne considéraient pas la sécurité des patients comme une priorité.
La question reste: pourquoi plus de 3000 individus sont-ils décédés suite à une exposition « évitable » aux virus du VIH et de l’hépatite C, comme le juge l’a indiqué ? Pourquoi des milliers d’autres personnes contaminées, hémophiles ou ayant reçu une transfusion à cause d’un accident, vivent-ils avec des souffrances importantes (cancer du foie, cirrhose, déficience immunitaire) sans que justice soit faite ? Par ailleurs, dans des pays comme la France, le Canada ou le Japon, où des scandales identiques liés à des stocks de sang contaminés par le VIH et l’hépatite C ont eu lieu, des coupables ont été identifiés et souvent punis, depuis au moins deux décennies.
Ce lundi, depuis l’église méthodiste Central Hall Westminster au cœur de Londres, Sir Langstaff a tenté de répondre à certaines interrogations. Devant une nef bondée de milliers de victimes émues et leurs familles, il a souligné que les gouvernements et les autorités médicales, dont le NHS (service national de santé), ont continuellement minimisé les craintes et plaintes des patients. Ils ont insisté sur le fait que les patients avaient bénéficié des meilleurs traitements disponibles et que les contrôles sur les dons de sang et leurs dérivés avaient été effectués dès que possible.
Un compte-rendu accablant
Selon lui, les accusations portées comprennent des retards, des négligences, un déni, et sont particulièrement sérieuses. Son rapport critique aussi l’usage fréquent par les gouvernements de justifications inexactes et trompeuses pour refuser l’ouverture d’une enquête publique. Il déplore également la destruction volontaire de documents et la perte de nombreux autres, ce qui a rendu la recherche de la vérité plus complexe. De plus, il soulève le refus de verser des indemnités aux victimes pendant plusieurs décennies.
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