Le huitième chef d’État de l’Iran, Ebrahim Raïssi, a tragiquement rendu l’âme dans un crash d’hélicoptère le 19 mai, dans une zone montagneuse du nord-ouest iranien. Raïssi, un conservateur religieux de 63 ans, avait été élu en 2021, malgré un boycott généralisé de l’élection. Il revenait d’un voyage officiel en Azerbaïdjan lorsque l’accident s’est produit. Parmi les autres victimes figurent le ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir Abdollahian, le gouverneur de la province d’Azerbaïdjan-Oriental, Malek Rahmati, l’imam du vendredi de cette province, Mohammad-Ali Ale-Hashem, et les membres de l’équipage.
Avant sa mort, Raïssi était considéré comme le potentiel successeur du Guide suprême, Ali Khamenei, à qui il devait son ascension rapide. Tout au long de sa présidence, il est resté proche de la plus haute autorité du pays, ce qui était exceptionnel, tous les anciens présidents ayant fini leur mandat en disgrâce auprès du Guide suprême.
Raïssi, après une défaite en 2017 face à Hassan Rohani, avait réussi à convaincre en 2021 que ses adversaires – les réformateurs, modérés et conservateurs pragmatiques – soient écartés par le Conseil des gardiens de la Constitution, une institution non élue.
Le rôle non achevé d’Ebrahim Raïssi ainsi que sa longue implication, qui dure depuis quatre décennies, dans les affaires de la République islamique sont caractérisés par une politique autoritaire. Suite au soulèvement récent, survenu après le décès de Mahsa (Jina) Amini en septembre 2022, Raïssi, suivant les pas de son maître, a opté pour une « confrontation rigide » contre les manifestants. Cette période de protestation a vu la perte d’au moins cinq cents civils.
Main autoritaire
Né en 1960 dans une famille dévote de la ville religieuse de Machhad (est), Ebrahim Raïssi, fils de clergé, rejoint le séminaire religieux de cette même ville dès son jeune âge. À 15 ans, il s’inscrit au centre d’études chiites à Qom (centre), tout comme son guide, Ali Khamenei, sous lequel il a étudié pendant quatorze ans, lui conférant le privilège de porter un turban noir, honneur réservé aux descendants du prophète Mohammed.
Suite à la révolution islamique de 1979, Raïssi, alors âgé de 19 ans, avec pour premiers devoirs la mise en place de « tribunaux révolutionnaires » à Masjed Soleiman, dans la province du Khouzistan (sud-ouest). Sa fidélité et son désir de juger rigidement les dissidents le distinguent. En 1980, il a été nommé principal procureur de la ville de Karadj, à 30 kilomètres à l’est de Téhéran.
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