Face à la montée incessante de la chaleur atmosphérique et l’augmentation des phénomènes extrêmes, l’adaptation au changement climatique s’impose comme une nécessité, bien qu’elle reste encore aux prémices et extrêmement complexe. Comment pouvons-nous construire des sociétés résistantes au changement climatique? Quel degré d’évolution faut-il envisager pour nos infrastructures, nos habitats et nos économies? Quel créneau temporel est le plus approprié : 2030, 2050 ou 2100 ? Les stratégies d’adaptation devraient-elles être conçues à niveau national, régional ou local, ou tous ces niveaux simultanément ? Pendant un an, Christophe Béchu – le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires – a orienté son administration vers l’anticipation d’un réchauffement atmosphérique de +4 °C d’ici fin de siècle, une hypothèse alignée sur la trajectoire actuelle de ce phénomène.
Le troisième plan national français pour l’adaptation au changement climatique est attendu sous peu. En parallèle, le think tank Terra Nova a présenté le 21 mai un rapport consacré aux solutions à mettre en œuvre, s’appuyant sur des expériences internationales. « Les stratégies d’adaptation se multiplient à travers le monde en réponse à l’accord de Paris de 2015 qui a souligné cette préoccupation, mais aussi parce que les pays subissent des variations climatiques de plus en plus virulentes. Les vagues de chaleur ne présentent qu’un aspect du problème; les inondations, telles que celles qui ont récemment frappé l’Allemagne ou la Belgique, sont également de taille », commente Marine Braud, ex-conseillère en écologie à Matignon et auteur de ce document. « Adapter nos sociétés n’est pas un signe de pessimisme, mais plutôt de réalisme », ajoute-t-elle.
Un obstacle majeur de ce projet gigantesque consiste à évaluer avec précision les menaces auxquelles sont exposés les régions, en se basant sur les connaissances scientifiques. Au sein du Royaume-Uni, le Climate Change Committee produit des recherches méticuleuses sur le climat tout en jouant un rôle essentiel. En 2023, il avait caractérisé le plan conçu par l’administration britannique comme une « collection de politiques existantes ». D’autre part, l’Autriche, l’Espagne et les Pays-Bas ont opté pour les projections les plus sombres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), soit le scénario « RCP 8.5 », qui prévoit un réchauffement de 3 à 6 °C à l’échelle globale dû à l’activité humaine. En revanche, la France a opté pour un scénario plus modéré.
Choix politiques
Concernant la prédiction de menaces, il est également nécessaire de prendre en considération les spécificités des différentes zones d’habitation d’un même pays. Une vague de chaleur n’a pas le même impact dans les villes et les campagnes, ou sur les personnes âgées et les jeunes. « Un épisode pluvieux intense causera moins de dommages s’il tombe sur une zone humide prête à recevoir l’eau excédentaire que s’il se déclenche dans une région fortement urbanisée où la végétation a été supprimée », explique le rapport. Météo-France propose déjà aux élus plusieurs outils, y compris une évaluation du réchauffement à l’échelle d’une commune. Selon Terra Nova, « l’application de la planification territoriale dans le plan d’adaptation (…) sera une bonne indication de sa fiabilité ».
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