Lorsque l’on pense aux « pyramides d’Egypte », trois grandes structures attribuées aux pharaons Kheops, Khephren et Mykerinos sur le plateau de Gizeh viennent immédiatement à l’esprit. Cependant, en réalité, on compte plus d’une centaine de ces monuments le long du Nil, servant de dernière demeure aux rois, reines et dignitaires, même si certains sont situés à plusieurs kilomètres du fleuve. Pourquoi cette distance, sachant que le Nil servait de voie de transport pour les ouvriers et certains matériaux de construction? Une étude internationale publiée le 16 mai dans Communications Earth & Environment offre une réponse : un bras important de la rivière coulait plus à l’ouest, aux pieds du désert occidental, constituant un regroupement de 31 pyramides de Gizeh (au nord) à Licht (50 kilomètres plus au sud). Les chercheurs ont nommé ce cours d’eau « Ahramat » ou « bras des pyramides » en arabe, après avoir combiné plusieurs méthodes de détection pour reconstituer ses caractéristiques.
Il est important de rappeler qu’il y a environ 12 000 ans, le Sahara était très différent de l’aridité d’aujourd’hui et présentait un paysage de savane parsemé de rivières et de lacs. Le Nil, le plus grand fleuve du monde, était parsemé de divers canaux secondaires qui s’étendaient dans sa vallée. Cependant, il y a environ 5500 ans, les précipitations ont commencé à diminuer, marquant la fin de la période humide durant le IIIe millénaire avant notre ère. C’est précisément pendant cette période de transition que l’Ancien Empire a commencé, vers 2700 av. J.-C., et les premières pyramides ont été construites. À ce moment-là, le débit du Nil était encore bien supérieur à celui d’aujourd’hui, permettant aux bras secondaires, dont l’Ahramat, de fonctionner.
Plusieurs stratégies ont été utilisées pour retracer le cours antique du Nil, qui reste actuellement caché. Les activités humaines, principalement agricoles, et de grandes quantités de sable et de sédiment, ont recouvert les chenaux asséchés, rendant leur détection difficile, même à l’aide de l’imagerie satellite. Selon les chercheurs, cet obstacle limite notre compréhension des conditions de vie et des histoires des anciens Égyptiens. Des tentatives pour révéler ces anciens canaux ont été entreprises depuis de nombreuses années. Par exemple, en 2022, une publication dans les Procédures de l’Académie américaine des sciences a révélé que des scientifiques français avaient réussi à tracer l’histoire d’un segment de la rivière qui se trouvait aux pieds du plateau de Gizeh. Il reste encore 39,55% de cet article à lire, la suite étant réservée aux abonnés.
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