Environ quatre ans après leur tentative infructueuse de révolution, l’opposition biélorusse exilée est en quête d’un nouveau départ. Du 25 au 27 mai, ils planifient d’organiser des élections, une première, pour donner un coup de neuf au conseil de coordination, une assemblée qui fait opposition au parlement biélorusse sous le contrôle du dictateur Alexandre Loukachenko. Les candidats ont lancé leurs campagnes à Varsovie, en Pologne, le dimanche 19 mai.
La date du vote, qui se déroulera en ligne pour engager toute la diaspora, n’est pas due au hasard. Elle a lieu trois mois après la réélection des membres du parlement biélorusse lors d’une parodie d’élections, à laquelle les représentants internationaux de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe n’ont pas été invités. Pour le processus orchestré par l’opposition, tout citoyen biélorusse âgé de 18 ans et plus, équipé de son passeport, pourra sélectionner, via une application sécurisée, l’une des douze listes se présentant au conseil de coordination.
Après l’élection présidentielle truquée d’août 2020, ce conseil avait été instauré par Svetlana Tsikhanovskaïa, qui s’était présentée à la place de son mari détenu. Initialement, il était supposé faciliter une transition vers une démocratie. Néanmoins, ils n’avaient pas envisagé la vague de répression qui allait s’abattre sur les dizaines de milliers de Biélorusses qui contestaient publiquement l’élection frauduleuse. Les protestataires ont dû, depuis lors, faire un choix – dans la mesure du possible – entre l’exil, la prison, ou le silence.
« Danger pour l’indépendance du pays »
L’ingérence de la Russie en Ukraine, facilitée par Alexandre Loukachenko qui a offert le territoire biélorusse aux forces militaires russes, a porté un autre coup aux défenseurs de la démocratie en Biélorussie. Le destin démocratique de la Biélorussie, économiquement sous l’influence de la Russie et exclue de la communauté mondiale, est également mis à l’épreuve dans le contexte ukrainien.
« Non seulement la Biélorussie est sous le contrôle d’un régime autoritaire, mais son implication dans le conflit ukrainien menace sérieusement son indépendance », déclare Andreï Yahorau, actuel porte-parole du conseil de coordination et candidat aux élections avec sa propre liste. « Il faut comprendre que les sanctions internationales, bien que justifiées, ont renforcé l’isolement de la Biélorussie et accru sa dépendance vis-à-vis de la Russie », ajoute cet homme dans la quarantaine.
L’autoritarisme persistant d’Alexandre Loukachenko, associé au conflit ukrainien, a contraint l’opposition à se réorganiser. Svetlana Tsikhanovskaïa, qui s’était présentée à l’élection présidentielle de 2020, s’est retrouvée à la tête du Cabinet de transition uni à partir de l’été 2022, après s’être réfugiée à Vilnius, en Lituanie. Cette entité est perçue comme le « bras exécutif » de la Biélorussie libre, reconnue comme telle par de nombreux dirigeants étrangers. Le conseil de coordination, réformé en 2022, agit comme son homologue législatif.
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