La liaison avec Haïti est constamment coupée, chaque minute qui passe. On est tenté de jeter le téléphone, mais c’est notre seul moyen de communication pour entrer en contact avec Lyonel Trouillot. Nous avions prévu une rencontre à Genève en mars. Trouillot était en chemin vers l’aéroport de Port-au-Prince lorsque ce dernier a été fermé suite à l’assaut du pénitencier national par des gangs, entraînant l’évasion de milliers de prisonniers. Depuis lors, Ariel Henry, le premier ministre impopulaire en place depuis 2021 et soutenu par le Core Group – un club d’ambassadeurs de pays occidentaux -, a démissionné. Un successeur, Michel Patrick Boisvert, a été désigné en avril par le conseil de transition. Les Haïtiens attendent des élections avec impatience.
L’échange continue par email. « La réalité des masses populaires est dominée par la pauvreté », dit-il à « Monde des livres ». Violence, pauvreté, misère et quasi absence de vie. Que perçoit-il? Que voit-il? « Le bruit des tirs. Des cadavres et des ordures dans les rues. » Qui voit-il? « Des gens qui se sont adaptés à la débrouillardise pour essayer de survivre face aux malheurs. Des jeunes qui assistent à des ateliers d’écriture alors que se déplacer est risqué. »
« Une appel. Un silence persistant à l’autre bout du fil, reflétant le silence autour de la réalité haïtienne mal interprétée, selon Lyonel Trouillot. Tentative de reconnexion. Un cas qui illustre son point de vue ? « Lors des manifestations populaires de février, qui étaient caractérisées par des revendications claires pour des élections et une voix forte proclamant : “Nous refusons ce pouvoir illégitime”, qu’est-ce qui a été relayé par les médias occidentaux ? “Le chaos en Haïti”», décrit l’ex-correspondant de presse, membre de Rasanbleman pou Diyite Ayiti (RADI). Bien que ce collectif de lutte contre l’injustice et la violence en Haïti soit désormais démantelé, ses membres continuent leurs efforts à travers d’autres organisations. Une de leurs membres, Antoinette Duclaire, a été tragiquement tuée par balles en 2021, à l’âge de 33 ans.
« Chaque histoire humaine mérite une attention spécifique »
La communication se rompt de nouveau. Cinq secondes. Sa voix, adoucie par des années de tabagisme, retentit de nouveau. Comment va-t-il ? « Je ne suis pas sûr de comprendre ce qui se passe en moi », admet Lyonel Trouillot. Que fait-il ? « Les mêmes activités habituelles. Je rencontre des gens, j’essaye d’intervenir dans la réalité sans avoir de rôle politique direct. J’anime des ateliers. J’écris mes chroniques. Et je me soucie de ceux et de ce que j’aime. » Il ne veut pas trop s’étendre sur sa « petite misère personnelle ».
Depuis le commencement de sa carrière, l’écrivain s’est imposé comme le « microphone des autres ». Cette fonction qu’il assume se reflète dans le recueil d’histoires courtes intitulé Histoires simples, où « simple » se réfère au langage utilisé, pas aux destins décrits. « Chaque vie humaine mérite une attention spécifique, insiste-t-il. Cependant, il est impossible de composer des milliards de romans. Alors, par un acte de respect envers la vie, en particulier pour les modestes, les défaits dont on ne parle pas assez, il est proposé (…) de consacrer quelques pages à examiner des blessures, la cruauté et l’absurdité de vies en quête de sens et de joie. »
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