Voici notre sélection hebdomadaire de cinq albums recommandés et chroniqués par l’équipe de critiques musicaux du Monde, sortis en avril. Dans l’ordre de leur parution, nous avons : une collaboration renouvelée avec le duo londonien Mount Kimbie; le quatrième opus du chanteur, musicien polyvalent et acteur américain Caleb Landry Jones; le sextet du joueur de Oud et compositeur Mohamed Abozekry; une collection de douze chansons de Clarika; et enfin, le retour de Blue Lab Beats, un autre duo de producteurs basés à Londres.
« The Sunset Violent » dévoile le son froid et troublant de Mount Kimbie. Depuis la sortie de leurs premiers EPs il y a quinze ans, le duo est perçu comme l’un des pionniers les plus créatifs de la musique électronique. C’est avec leur troisième album, « Love What Survives » (2017), que Dom Maker et Kai Campos ont vraiment surpris tout le monde en déviant leurs influences dubstep vers un univers post-punk/shoegaze étonnant. Leur double album suivant, MK 3.5. Die Cuts | City Planning (2022), a détourné le partenariat artistique de manière inédite jusqu’à ce que « The Sunset Violent » signale le moment du renouveau collaboration.
Leur collaborateur de longue date, King Krule, prête sa voix raucitaire à deux titres, Boxing et Empty and Silent. Deux autres vocalistes, Andrea Balency-Béarn et Marc Pell, se joignent respectivement à eux sur Dumb Guitar et Shipwreck, avec son rythme troublant. Ces nouveaux éléments, loin d’apporter l’innovation dont Mount Kimbie était coutumier, ouvrent plutôt un chapitre plus accessible à leur œuvre.
Le prochain album sur notre liste, « Hey Gary, Hey Dawn », présente les arrangements pop complexes de Caleb Landry Jones, avec une sortie prévue sur Warp Records le 5 avril.
Après avoir remporté le prix du meilleur acteur pour le film Nitram lors du festival de Cannes en 2021, l’acteur américain Caleb Landry Jones, qui a également tourné dans Dogman de Luc Besson en 2023, accorde toujours beaucoup d’importance à sa carrière musicale en parallèle, qui est tout aussi exigeante que ses rôles au cinéma. En effet, son premier album intitulé The Mother Stone, sorti en 2020 sous le label cinéphile new-yorkais Sacred Bones (représentant notamment John Carpenter et Jim Jarmusch), révèle un musicien multi-instrumentiste doté d’un goût musical bien défini, produisant un rock psychédélique et baroque aux progressions tortueuses, situé à la croisée des chemins entre Syd Barrett, Van Dyke Parks et King Gizzard & The Lizard Wizard.
Son quatrième album, Hey Gary, Hey Dawn, a été conçu avec une vision live. Il donne une première impression plus directe et plus saturée, suivant une ligne sombre, grunge, garage (Hey Dawn, Spot a Fly, Hey Gary), bien que cela n’interfère pas avec la participation de vingt musiciens, y compris un quatuor à cordes et des cuivres (la chanson démente Your Favorite Song). La deuxième moitié de l’album introduit une pop complexe et touffue, à l’image des superbes morceaux Masandoia et The Bonzo Bargain. A ce jour, le mystère autour de Caleb Landry Jones persiste. Fr. C.
Nous sommes désolés, mais le reste de l’article est réservé aux abonnés.