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Recherche des disparus en Ukraine

La guerre est une épreuve déchirante, tandis que la disparition est une expérience vertigineuse. Après chaque combat, parfois chaque bataille, on enterre les défunts, soignent les blessés et cherche à libérer les captifs. Lorsque des crimes de guerre sont commis contre les civils, on enterre les victimes, on traite leurs blessures, et parfois, on essaye de rendre la justice. Cependant, il y a ceux qui ne peuvent pas être retrouvés, ni morts ni vivants. Ce sont ceux qui ont été dévorés par la guerre. Il y a ceux qui ont disparu et dont les familles espèrent toujours leur retour. C’est une situation vertigineuse qui peut sembler durer à l’infini.

Les yeux fixés sur leurs écrans d’ordinateur et munies de casques téléphoniques, Natalia, Olha, Anastasia et leurs collègues reçoivent les appels des proches de personnes disparues. « Notre métier, c’est de traiter la douleur et la peine », chuchote Natalia. « L’absence, c’est l’incertitude. Les familles traversent un véritable enfer. Un jour, elles pensent que leur proche disparu est mort, et le lendemain, elles espèrent son retour. Elles se demandent si elles ne devraient pas en faire plus. Parfois, elles se reprochent de continuer à vivre sans lui consacrer chaque instant. »

Natalia, Olha, Anastasia et le reste de l’équipe travaillent au centre d’appels du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Kiev. Chaque jour, elles cherchent à répondre aux questions des familles des disparus. Même lorsqu’elles n’ont pas de réponse, elles écoutent, conseillent et espèrent « soulager la douleur », comme l’exprime Anastasia.
Une unité spécialisée.

Suite à l’agression russe en Ukraine, le CICR a orchestré le plus grand programme de recherche de morts, blessés, détenus et disparus depuis la Deuxième Guerre mondiale. Pour cela, il a mis sur pied une structure dédiée intitulée « Bureau de l’Agence centrale de recherches pour le conflit armé international entre la Fédération russe et l’Ukraine » (CTA-B), basée à Genève, avec des bureaux satellites à Kiev et Moscou.

C’est à l’organisation internationale de la Croix-Rouge qu’il revenait de déployer une opération d’une telle envergure. Cette institution suisse, née en 1863 pour aider les blessés de guerre, est la gardienne des conventions de Genève qui établissent les règles du droit international humanitaire, les « lois de la guerre ». Elle n’est pas une agence de l’ONU ou une association caritative, et elle n’est pas politisée. Elle est une entité internationale autonome et souveraine, qui jouit du statut d’observateur à l’ONU.

« Impartial, neutre et indépendant », le CICR jouit d’un statut unique car son rôle est officiellement reconnu par tous les pays. Du fait que ses « délégués », comme les appelle l’organisation, engagent des discussions avec les États, il est tenu à un strict devoir de neutralité et de confidentialité, obligation qui est parfois mal interprétée ou mal acceptée.

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