Au lieu d’adopter une approche modérée comme il était attendu de lui, à l’instar de sa prédécesseuse Tsai Ing-wen, le nouveau président de Taiwan, Lai Ching-te, a abordé les points sensibles dès le début de son discours d’investiture le 20 mai. Il a rappelé que Taiwan est un pays souverain et indépendant depuis que le premier président démocratiquement élu, Lee Teng-hui, a prêté serment en 1996. Il a souligné que la souveraineté de Taiwan appartient à son peuple. Cela n’a pas manqué de provoquer le déplaisir de Pékin, d’autant plus que la déclaration du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, est claire : la situation politique intérieure de Taiwan n’affectera en rien le fait que les deux côtés du détroit de Taiwan appartiennent à une seule Chine.
La Chine désapprouve déjà le troisième mandat du Parti Démocrate Progressiste (DPP) au pouvoir, parti qui vise à établir une république taiwanaise souveraine et autonome, comme indiqué dans leur charte. Le DPP a été au pouvoir de 2000 à 2008 puis de 2016 à 2024. Le fait que Pékin ait traité Lai Ching-te de « séparatiste dangereux » montre leur peur que Taiwan puisse prendre un chemin qui mène à la guerre et au déclin.
Dans une concession sur le plan sémantique, M. Lai a employé l’appellation « République de Chine Taïwan ». Bien que « République de Chine » soit le titre officiel de Taïwan, établie par Sun Yat-sen en 1912 sur le continent chinois, il y a une envie parmi des indépendantistes Taïwanais de l’abandonner au profit du nom local de l’île, qui est Taïwan. M. Lai a précisé ultérieurement, « peu importe quel nom vous donnez à notre nation », ce qui a ensuite déclenché une ovation de la foule quand il ajouta « j’espère que la Chine reconnaîtra l’existence réelle de la République de Chine ».
En se concentrant sur « la paix et la stabilité », le discours de Lai Ching-te a débuté avec 21 tirs de canon et s’est terminé avec une brève apparition d’un escadron aérien. Les événements ont été traduits en mandarin et en anglais pour les 51 délégations internationales qui étaient présentes. Seuls les douze derniers alliés diplomatiques de Taïwan, essentiellement parmi les pays les plus petits ou les plus pauvres du monde, ont envoyé leur chef d’État ou un ministre. Le Saint-Siège, le seul allié diplomatique européen de Taïwan, était représenté par l’archevêque Charles John Brown, nonce apostolique aux Philippines.
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