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20 mai 2024 12 h 12 min

« Guerre Ukraine: Armée ukrainienne détruit 29 drones »

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A Kiev, devant un centre de conscription : « Quelqu’un doit brandir une arme ».

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Le quotidien des militaires ukrainiens dans le Donbass est difficile : « Il y a des zones où il y a des attaques russes chaque jour ».

Nous vous proposons des réponses à vos interrogations les plus fréquentes.

Comment utilisent-ils des drones à Moscou et Kiev?

Dans les derniers mois, la guerre de drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifiée. Selon une étude d’un groupe de réflexion britannique sur les questions militaires, rendue publique en mai 2023, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. A titre de comparaison, l’armée française dispose d’à peine plus de 3 000 avions sans pilote dans ses stocks.

Tant les Ukrainiens que les Russes recourent majoritairement à l’usage de petits véhicules aériens non habités (UAV) d’origine civile, qui sont abordables et largement disponibles. Ce sont des outils précieux pour observer le champ de guerre, guider les troupes ou diriger les frappes d’artillerie. Certains sont même adaptés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

En plus faible quantité, les drones-suicides jouent pourtant un rôle crucial dans ce contexte. Equipés d’une charge explosive, ces UAV sont envoyés au-dessus des lignes de front sans mission prédéfinie. Parmi les drones utilisés par Moscou, on retrouve les Lancet-3 russes et les Shahed-136 iraniens. N’ayant pas une flotte de guerre suffisante, l’Ukraine répond en utilisant des véhicules maritimes non habités, de petits kayaks télécommandés chargés d’explosifs (environ 450 kilos de TNT).

En vue de la pertinence des drones pour leurs opérations, Ukrainiens et Russes se sont organisés afin de pouvoir approvisionner leurs troupes de façon durable, non seulement en achetant massivement des drones civils sur le marché, mais également en développant leurs propres capacités de production. Au début de la guerre du Donbass, déclenchée il y a une décennie, l’industrie nationale ukrainienne était encore dans ses balbutiements, mais elle a depuis progressé. En fin août, le ministre ukrainien du numérique a fait une annonce : une réplique du drone russe Lancet était en cours de finalisation et serait bientôt lancée, sous le nom de Peroun, dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Malgré les contraintes imposées par les sanctions occidentales limitant l’acquisition de composants électroniques, la Russie se montre résiliente. Les services secrets américains rapportent que Moscou a entamé la construction d’une fabrique de drones-kamikazes à Alabouga, une zone économique spéciale, utilisant une technologie iranienne similaire à celle des Shahed-136.

Cependant, de réelles inquiétudes demeurent quant à l’ampleur de l’arsenal de missiles de la Russie. L’état actuel de son stock est largement inconnu et les spéculations de l’intelligence ukrainienne sont douteuses. Selon Andri Ioussov, représentant du renseignement du ministère de la défense (GUR), comme rapporté par Liga.net, l’armée russe avait environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit, et plus de 900 au début de l’année. A cela s’ajoutent des milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée d’environ 120 km, et un stock conséquent de S-400, une version plus récente avec une portée triple. Vadym Skibitsky, le deuxième en commandement du GUR, a estimé le nombre de ces missiles à 585, chacun ayant une portée de plus de 500 km.

Quant à la capacité de production, elle serait maintenant de plusieurs centaines de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon divers experts. Le GUR estimait cette production à 115 unités en octobre.

La Russie aurait apparemment ajouté des missiles de courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord à son arsenal, en continuant de se les procurer. L’agence Reuters, par le biais de diverses sources iraniennes, rapporte que depuis janvier, environ 400 missiles iraniens du type Fateh-110 (d’une portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été remis à la Russie suite à un accord. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste inconnu, cependant, entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, 24 ont été lancés sur l’Ukraine, selon le procureur général, Andriy Kostin. L’analyse des débris et des trajectoires réalisée par des experts indique qu’il s’agit probablement de KN-23 et KN-24, dont la portée est d’environ 400 kilomètres.

Concernant les avions de combat F-16, à la suite d’une requête de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé le transfert de ces avions à l’Ukraine en août 2023. Plus de 300 avions F-16 sont potentiellement disponibles dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal. Toutefois, tous les pays équipés de ces avions ne sont pas en mesure d’en fournir immédiatement.

Selon les déclarations du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, 42 avions F-16 auraient été promis par les alliés occidentaux à Kiev, bien que cette information n’ait pas été confirmée. Le Danemark en a promis 19, avec une livraison des six premiers prévue pour la fin de 2023, huit autres en 2024 et les cinq derniers en 2025, comme l’a annoncé la première ministre danoise, Mette Frederiksen. En revanche, bien que les Pays-Bas, qui possèdent 42 unités, aient également promis d’en fournir, ils n’ont pas précisé la quantité qu’ils comptaient céder.

De plus, une formation est nécessaire pour les pilotes ukrainiens afin qu’ils puissent manœuvrer les avions de combat américains. Kiev a reçu l’engagement de soutien de onze de ses pays alliés pour former ces pilotes. Selon l’OTAN, on estime que ces soldats ukrainiens seront prêts à utiliser les avions en situation de combat que vers le début de 2024, bien que certains experts prévoient plutôt l’été de cette même année.

Quelle est l’aide militaire que ses alliés accordent à Kiev ?

Deux ans après le déclenchement du conflit à grande échelle, le soutien de l’Occident à Kiev perd de son élan. Selon le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, les nouvelles aides engagées ont diminué entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à la même période de l’année précédente. Cette tendance pourrait s’accentuer, le Sénat américain éprouvant des difficultés à approuver ces aides, ainsi que l’Union européenne (UE) qui a eu du mal à adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, principalement en raison de l’opposition de la Hongrie. À noter, ces deux paquets d’aide n’ont pas encore été pris en compte dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.

Les chiffres de l’institut allemand démontrent une diminution et une concentration du nombre de donateurs autour d’un noyau central de pays, à savoir : les États-Unis, l’Allemagne, les pays du Nord et de l’Est de l’Europe, qui promettent une aide financière conséquente ainsi que des équipements militaires de pointe. Depuis février 2022, au total, les pays soutenant Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros d’aide militaire, financière ou humanitaire.

« D’après la valeur absolue, les nations les plus prospères se sont avérées les plus libérales. Avec plus de 75 milliards d’euros de soutien confirmé, dont 46,3 milliards pour l’assistance militaire, les États-Unis sont les premiers donateurs, et de loin. Les États membres de l’Union européenne ont promis des subventions bilatérales de 64,86 milliards d’euros et des subventions collectives de 93,25 milliards d’euros des fonds de l’Union européenne, pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, lorsque ces dons sont comparés au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement se modifie. Les États-Unis descendent à la vingtième place, avec juste 0,32 % de leur PIB, bien derrière des pays limitrophes de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amies. L’Estonie mène le classement des aides en proportion du PIB avec 3,55 %, suivi par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). Le top 5 est complété par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois pays baltes, ayant tous des frontières directes avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

Dans le classement selon le pourcentage de PIB, la France se situe au vingt-septième rang avec seulement 0,07 % de son PIB, se positionnant juste derrière la Grèce (0,09 %). La contribution de Paris a été en baisse constante depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France se classait vingt-quatrième en avril 2023 et treizième durant l’été 2022.

Quelle est la situation concernant les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ? »

Au cours des derniers mois, l’Ukraine et la Pologne ont connu des tensions dans leur relation. Un point de friction majeur est le transport de céréales ukrainiennes. En 2022, la Commission européenne avait facilité le transfert et la vente de produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient sans frais douaniers par le biais de « voies de solidarité ». Cependant, selon la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les enjeux agricoles mondiaux, près de 50 % des céréales ukrainiennes passent par ou terminent leur voyage dans l’Union européenne (UE), depuis le début du conflit, où elles sont vendues à un prix bien inférieur à celui du blé produit en Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, affirmant que ces céréales déstabilisent leurs marchés locaux et affectent négativement les revenus de leurs agriculteurs, ont bloqué leurs importations en avril 2023. Bruxelles avait approuvé un embargo conditionnel, qui ne devait ni entraver le transit vers d’autres pays ni durer plus de quatre mois. Varsovie, jugeant que le problème sous-jacent n’a pas été résolu, a choisi de maintenir ses frontières fermées aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été. Une décision que Bruxelles n’a pas approuvée, ses analyses indiquant qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales.

Depuis la frontière polono-ukrainienne, des agriculteurs polonais empêchent l’entrée des camions ukrainiens sur leur sol national, exigeant un « embargo total » sur les produits agricoles et alimentaires de l’Ukraine. Ils protestent contre l’augmentation de leurs frais de production, tandis que les silos et entrepôts sont surchargés et les prix au plus bas. Au début de 2024, le président ukrainien a exprimé son opinion selon laquelle le blocus de la frontière polonaise représentait un signe de « l’érosion de la solidarité » envers l’Ukraine et a sollicité des discussions avec la Pologne. Il a aussi déclaré que « seule Moscou se réjouit » de ces tensions, condamnant « l’émergence de slogans ouvertement favorables à Poutine ».