« LETTRE DE QUÉBEC
Un « grand abandon » est palpable au Québec depuis quelques mois. Il ne s’agit pas de la même vague de démission que celle observée chez les travailleurs épuisés psychologiquement ou en quête d’un travail plus significatif en Europe ou en Amérique du Nord. Il s’agit plutôt de fonctionnaires élus au Québec qui ont décidé de renoncer à leurs postes plutôt que de poursuivre un mandat ressenti comme une épreuve. Plus de 800 fonctionnaires élus parmi les 8 000 de la province ont démissionné depuis les dernières élections municipales de 2021.
Un climat de manque de respect, des conflits entre les élus et les citoyens, et le harcèlement sur les réseaux sociaux jusqu’aux menaces familiales, sont parmi les raisons citées pour ces démissions. D’autres n’ont pas caché que leurs responsabilités de plus en plus importantes, entre la crise du logement qui frappe tout le Québec et les questions de changement climatique qui nécessitent des ressources financières que les municipalités n’ont pas, ont également alimenté leur sentiment d’impuissance.
Le pourcentage de femmes parmi les démissionnaires n’a pas encore été révélé. Cependant, la démission sonore de France Bélisle, maire de Gatineau, la quatrième plus grande ville de la province, en février, a servi de signal d’alarme. »
Selon les élections provinciales de 2022, deux tiers des députés qui ont décidé de ne pas se présenter à nouveau étaient des femmes. L’ex-députée du Parti québécois de 2000 à 2014, Marie Malavoy, qui est maintenant présidente du comité des femmes du Cercle des ex-parlementaires, propose une explication à ce phénomène. Elle indique que les femmes élues accordent plus de valeur à l’utilité de leurs rôles par rapport à leurs homologues masculins. Si elles jugent que leur rôle n’est pas à la hauteur de leurs espérances et face à une pression accrue des réseaux sociaux, elles ne trouvent aucune raison de continuer dans la politique.
« Le monde politique est trop rude pour toi »
Pour encourager l’implication des femmes et les aider à rester engagées en politique, le comité des femmes du Cercle des ex-parlementaires et le Groupe Femmes, politique et démocratie (GFPD) ont développé, depuis 2019, un nouvel instrument, « Les Elles du pouvoir ».
C’est un club politique exclusif aux femmes, créé pour être l’équivalent des « boy’s clubs » informels que les hommes ont traditionnellement développés. Esther Lapointe, directrice générale du GFPD, souligne que les hommes politiques ont l’habitude de discuter de leurs enjeux, se donner des conseils et établir des stratégies après leur journée de travail, souvent autour d’une bière. Les femmes n’ont généralement pas cette opportunité car elles commencent leur deuxième journée de travail en rentrant à la maison. L’objectif de ce club est de les aider à briser cet isolement.
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