Sur proposition du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, qui durant l’année dernière avait plaidé pour la réintégration de Bachar Al-Assad, le président syrien, dans les cercles arabes, a été présenté comme un participant relativement banal lors du sommet des leaders de la Ligue arabe au Bahreïn le 16 mai. Cependant, malgré les efforts pour normaliser les relations avec la Syrie, celle-ci rencontre toujours de l’opposition, générant des tensions même parmi ses partisans.
Jihad Yazigi, directeur du Syria Report, a souligné qu’une plus grande implication des pays arabes était indispensable, sinon le président Assad n’aurait probablement pas été convié à Pékin en septembre 2023. Malgré cela, il précise que cela ne change en rien les perspectives d’une résolution politique en Syrie ou les questions concernant le soutien financier et la reconstruction du pays.
Au sommet du jeudi, Assad a choisi de ne pas s’exprimer à ses homologues afin de ne pas ternir l’image d’unité arabe centrée sur la Palestine. Lors d’un discours prononcé en 2023, l’émir du Qatar, l’un de ses adversaires les plus tenaces, avait quitté la salle. Lors de ce sommet, le roi Abdallah II de Jordanie, bien qu’ayant joué un rôle clé dans le rapprochement avec Assad, l’a critiqué en dénonçant le trafic d’armes et de drogues organisé par des groupes criminels. L’annonce la veille par les autorités jordaniennes qu’elles avaient contrecarré une tentative de trafic d’armes par des milices soutenues par l’Iran depuis la Syrie a jeté une ombre sur la présence d’Assad.
Dans ce contexte, il est évident que les priorités régionales ont évolué.
Il n’y a nullement une rupture, bien que personne ne soit entièrement convaincu par la normalisation avec la Syrie, informe le spécialiste jordanien Amer Al-Sabaileh. Selon lui, les priorités régionales se sont transformées en raison du conflit à Gaza. Récemment, les nations arabes ont renouvelé leur appel pour une solution politique à la crise syrienne. Ils ont également appelé à l’application de la « Déclaration d’Amman ». Celle-ci demande le retour des réfugiés syriens, la lutte contre le trafic de drogue et l’arrêt de l’expansion iranienne en Syrie.
Jihad Yazigi pose la question suivante : » Les Syriens sont-ils en position de faire des concessions sur des enjeux importants pour les Arabes ? Ont-ils ces attentes eux-mêmes ou souhaitent-ils seulement échapper à la politique d’isolation de la Syrie qui n’a produit aucun résultat ? » La réadmission de la Syrie à la Ligue arabe a eu lieu dans le contexte d’un changement de direction en politique étrangère saoudienne, symbolisée par une détente avec l’Iran et la recherche d’une « paix des autocrates » dans la région, favorable au progrès économique du royaume.
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