Explorez tous nos écrits, nos évaluations approfondies et nos chroniques sur le conflit en Ukraine. Les chroniques, les examens détaillés et les explications de « Le Monde ». « C’était un enfer, c’était en feu! »: dans les alentours de Kharkiv, un grand nombre d’Ukrainiens s’éloignent des hameaux situés près de la frontière russe. En Ukraine, l’enlistement post-25 ans pour « préserver le futur du pays ».
À Kiev, face à un bureau de recrutement : « Quelqu’un doit sûrement manier une arme ». Les soldats ukrainiens dans le Donbass sont las d’anticiper les munitions occidentales. À Kharkiv, la détermination du peuple face à l’assaut russe rénové : « Nous avons progressivement assimilé la situation ». Kiev incite Washington à lui donner le feu vert pour viser le territoire russe avec des armes américaines.
Le conflit en Ukraine : l’armée russe est-elle en mesure de percer les lignes de front ? La guerre quotidienne et stressante pour les militaires ukrainiens dans le Donbass : « Il existe des zones où il y a des attaques russes quotidiennes ». Nos réponses à vos interrogations les plus courantes. Comment Moscou et Kiev utilisent-ils des drones ?
Depuis plusieurs mois, le conflit des drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifié. Selon un rapport publié en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique expert en défense, les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit près de 300 chaque jour. À titre de comparaison, l’armée française possède un peu plus de 3 000 drones dans ses stocks.
La majorité des drones employés par les Russes et les Ukrainiens sont des petits véhicules aériens sans pilote (UAV) d’origine civile. Ils sont abordables et largement disponibles, utilisés principalement pour surveiller le terrain de combat et pour orienter les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains ont été modifiés pour porter des charges explosives légères, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.
Les drones-kamikazes, en plus petit nombre, jouent également un rôle crucial. Équipés d’une charge explosive, ces UAV sont déployés au-dessus de la ligne de front sans mission préassignée. Moscou utilise ses propres drones, les Lancet-3, ainsi que les Shahed-136, fabriqués en Iran. L’Ukraine, qui ne dispose pas d’une marine de guerre propre, provoque son adversaire avec des navires sans pilote, de petits kayaks télécommandés remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).
Les drones sont un élément tellement essentiel de leurs opérations que les Ukrainiens et les Russes se sont organisés pour entretenir leurs troupes à long terme. Cela est fait non seulement en achetant en gros des drones civils sur le marché, mais aussi en développant leurs propres capacités de production. L’industrie nationale ukrainienne, qui en était à ses balbutiements au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, s’est depuis renforcée. À la fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’une réplique du drone russe Lancet avait été créée et serait bientôt lancée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.
« L’approvisionnement en composants électroniques de la Russie est restreint à cause des sanctions occidentales, ce qui a créé des difficultés. Cependant, d’après les agences de renseignement américaines, la Russie aurait entamé la construction d’une usine de production de drones kamikazes iraniens, tels que les Shahed-136, dans la zone économique spéciale d’Alabouga.
Il est complexe, voire impossible, de déterminer avec exactitude l’état actuel des stocks de missiles russes. Les agences de renseignement ukrainiennes partagent fréquemment des informations à ce sujet, toutefois leurs données sont souvent douteuses.
D’après Andri Ioussov, le porte-parole du service de renseignement du ministère de la Défense (GUR), cité par Liga.net, l’armée russe possède environ 2300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit et en détenait toujours plus de 900 au début de l’année. De plus, selon Ioussov, la Russie possède également des dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée d’environ 120 kilomètres, et un important stock de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois supérieure. En août, Vadym Skibitsky, le numéro deux du GUR, évaluait le stock de missiles à une portée supérieure à 500 kilomètres à 585.
En ce qui concerne les capacités de production, la capacité récente est évaluée à environ 100 missiles balistiques ou de croisière par mois, selon plusieurs spécialistes. En octobre, le GUR estimait cette production à environ 115 unités. »
D’après diverses sources iraniennes rapportées par Reuters, la Russie aurait acquis près de 400 missiles iraniens de type Fateh-110, dont la portée varie entre 300 et 700 kilomètres, depuis janvier, une période coïncidant avec la conclusion d’un accord. La Russie aurait également acheté des missiles courte portée en provenance de l’Iran et de la Corée du Nord et poursuit ces acquisitions. Cependant, le nombre exact de missiles provenant de la Corée du Nord demeure inconnu. Cela dit, entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, 24 missiles ont été tirés en Ukraine, selon Andriy Kostin, le procureur général. Les experts qui ont examiné les trajectoires et les débris pensent qu’il s’agit probablement de missiles KN-23 et KN-24, ayant une portée d’environ 400 kilomètres.
Par ailleurs, pour répondre à une requête de longue date de la part du président ukrainien, les États-Unis ont donné leur feu vert en août 2023 pour le transfert de chasseurs F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il existe une flotte potentielle d’au-dessus de 300 F-16 dans neuf pays d’Europe, tels que la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal entre autres, tous les États qui les possèdent ne peuvent pas nécessairement en céder immédiatement. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait mentionné que 42 F-16 avaient été promis par les alliés occidentaux à Kiev, une information qui n’a cependant pas été confirmée. Le Danemark en a promis 19, dont six devraient être livrés d’ici la fin de 2023, huit autres en 2024 et cinq en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. En outre, malgré la possession de 42 unités, les Pays-Bas, qui ont également promis des F-16, n’ont pas indiqué combien ils prévoyaient en donner.
De plus, une formation est nécessaire pour les pilotes ukrainiens pour manœuvrer ces aéronefs militaires américains. Onze nations associées à Kiev ont promis d’assumer la responsabilité de la formation des pilotes. Selon l’OTAN, les troupes ukrainiennes ne pourraient être prêtes à opérer ces avions dans des conditions de combat qu’au début de l’année 2024, bien que certains experts penchent plutôt pour l’été de la même année.
Et quel apport militaire est accordé à Kiev par ses alliés ?
Deux ans après le lancement d’un conflit à large échelle, l’élan de soutien de l’Occident à Kiev ralentit. Selon le dernier rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024, les aides nouvelles sont en diminution de août 2023 à janvier 2024 par rapport à la même période un an plus tôt. Cette évolution pourrait se poursuivre, car le Sénat américain a du mal à approuver des aides et l’Union européenne (UE) a eu beaucoup de mal à adopter une aide de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, suite à l’opposition de la Hongrie. Il est important de noter que ces deux lots d’aide ne sont pas encore inclus dans le dernier rapport de l’Institut Kiel qui s’arrête en janvier 2024.
Les chiffres de l’institut allemand révèlent que le nombre de donateurs diminue et se concentre autour d’un groupe de pays, y compris les États-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui offrent tous une assistance financière significative ainsi que des équipements militaires de haute technologie. Au total, depuis février 2022, les nations soutenant Kiev se sont engagées à fournir au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.
Dans une perspective purement monétaire, les nations les plus fortunées ont prouvé être les plus charitables. Les États-Unis ont été les contributeurs les plus importants, ayant promis plus de 75 milliards d’euros pour aider, dont 46,3 milliards sont destinés à l’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont promis des aides bilatérales de 64,86 milliards d’euros et des aides communes à partir des fonds de l’Union européenne à hauteur de 93,25 milliards d’euros, pour un total de 158,1 milliards d’euros.
Cependant, si on met en perspective ces contributions avec le produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement se modifie. Les États-Unis descendent à la vingtième place, représentant 0,32% de leur PIB, bien en dessous de certains pays limitrophes de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie est en tête en terme d’aides par rapport à son PIB avec 3,55%, suivie par le Danemark avec 2,41% et la Norvège avec 1,72%. Le reste du top 5 est complété par la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois États baltes, qui partagent tous des frontières communes avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, ont été les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.
En tenant compte du pourcentage de PIB, la France arrive à la vingt-septième place, ayant promis 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce à 0,09%. L’aide de la France a été en déclin constant depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France était à la vingt-quatrième place en avril 2023, et à la treizième place à l’été 2022.
Quelles sont les informations concernant les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?
Depuis un certain temps, l’Ukraine et la Pologne ont des relations houleuses, principalement en raison des problèmes liés au transit des céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, l’organe de gouvernance européen, la Commission européenne, a créé des « routages solidaires » afin d’encourager l’évacuation et la commercialisation des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient en évitant les droits de douane. Néanmoins, près de la moitié des céréales ukrainiennes passent par ou finissent leur voyage dans l’Union européenne (UE), en particulier dans les pays d’Europe centrale, où le blé produit localement est plus cher, selon la fondation Farm, un groupe de réflexion sur des questions agricoles à l’échelle mondiale.
Des nations comme la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont mis un frein à leurs importations de céréales ukrainiennes en avril 2023, précisant que lesdites céréales perturbent leurs marchés locaux et ont un impact négatif sur les revenus de leurs agriculteurs. En dépit de l’approbation de Bruxelles pour cet embargo, à condition que le transit vers d’autres pays ne soit pas entravé et que l’embargo ne dure que quatre mois, la Pologne a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été. Selon les autorités de Bruxelles, cette décision n’était plus justifiée car leurs analyses démontrent qu’il n’y a plus de distorsion des marchés nationaux de céréales.
Depuis la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, des fermiers polonais ont mis en place un blocage pour empêcher l’entrée des camions ukrainiens sur le sol national. Ils manifestent en revendiquant un « embargo total » sur les articles agricoles et alimentaires provenant de l’Ukraine. Les agriculteurs soulignent l’augmentation drastique de leurs frais de production tandis que les dépôts et silos sont surchargés et que les tarifs sont au plus faible. Au début de 2024, le chef d’État ukrainien avait estimé que le blocage de la frontière polonaise signifiait un « affaiblissement de la solidarité » envers l’Ukraine, et a demandé des discussions avec la Pologne. « C’est seulement Moscou qui tire profit de ces conflits », a-t-il ajouté, condamnant l’ « émergence de slogans clairement en faveur de Poutine ».
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