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19 mai 2024 0 h 11 min

« Guerre Ukraine: 10 000 évacués Kharkiv »

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Ce live a été animé par Glenn Cloarec, Romain Del Bello, Audrey Delaporte (photographe), Dorian Jullien, Jean-Philippe Lefief, Ynès Khoudi, Charles Delaere, Solène L’Hénoret et Marie Pouzadoux également. Vous pouvez retrouver tous nos articles, rapports et analyses concernant le conflit en Ukraine.

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Explorez comment Moscou et Kiev déploient des drones. La guerre de drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifiée ces derniers mois. Un rapport d’un think tank britannique spécialisé dans les questions de défense, publié en mai 2023, indique que les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. A titre de comparaison, l’armée française compte un peu plus de 3 000 drones dans ses réserves.

Les UAV (véhicules aériens non pilotés) d’origine civile, économiques et largement disponibles, sont principalement utilisés par les Ukrainiens et les Russes. Ils sont utilisés pour l’observation du champ de bataille et le guidage des troupes ou des tirs d’artillerie. Certains d’entre eux sont également adaptés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Bien qu’ils soient moins courants, les drones-kamikazes revêtent également une importance majeure. Ces UAV, équipés d’une charge explosive, sont lancés au-dessus de la ligne de front sans mission préétablie. Moscou utilise les drones russes Lancet-3 et les Shahed-136 iraniens. Ne disposant pas d’une flotte de guerre conséquente, l’Ukraine défie l’ennemi avec des véhicules maritimes non pilotés, de petits kayaks télécommandés et chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).

La place cruciale des drones dans leurs opérations a conduit les Ukrainiens et les Russes à élaborer des stratégies pour assurer un approvisionnement durable à leurs troupes. Ils s’y sont pris non seulement en achetant en quantité des drones civils sur le marché, mais également en développant leur propre capacité de production. Bien que balbutiante au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie nationale ukrainienne s’est depuis renforcée. En fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la création d’une copie du drone russe Lancet, qui sera bientôt lancée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

En raison des sanctions imposées par l’Occident qui entravent son acquisition de composants électroniques, la Russie rencontre des difficultés. Cependant, les services de renseignement américains indiquent que la Russie a initié la construction d’une usine à Alabouga, une zone économique spéciale, pour y produire des drones-kamikazes de fabrication iranienne, tels que les Shahed-136.

Qu’en est-il de l’inventaire de missiles russes ?

Il est presque impraticable, voire inatteignable, de déterminer l’état présent de l’inventaire de missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens parlent souvent du sujet, mais leurs évaluations suscitent des doutes.

D’après Andri Ioussov, représentant de la direction générale du renseignement du ministère de la défense (GUR) cité par Liga.net, l’armée russe possédait 2300 missiles balistiques ou de croisière avant la guerre, et plus de 900 au début de l’année. Le représentant ajoute à ce nombre, une dizaines de milliers de missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un arsenal conséquent de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky, le second du GUR, avance le nombre de 585 missiles ayant une portée supérieure à 500 kilomètres.

Quant à ses capacités de production, elles auraient augmenté à une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, d’après plusieurs spécialistes. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

Selon des informations, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord, et serait toujours en train d’en ajouter à son arsenal. La source de cette information est Reuters, qui fait référence à plusieurs informateurs iraniens. Depuis janvier, date à laquelle un accord a semble-t-il été signé, la Russie aurait reçu 400 missiles iraniens de la série Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres). Le nombre exact de missiles reçus de la Corée du Nord reste incertain, mais 24 missiles ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont examiné les restes des missiles et leurs trajectoires suggèrent qu’il s’agit probablement des modèles KN-23 et KN-24, qui ont une portée d’environ 400 kilomètres.

Et que se passe-t-il avec les avions de combat F-16 ?
En août 2023, suite à une requête de longue date du président ukrainien, les Etats-Unis ont autorisé le transfert de ces avions à l’Ukraine. Certes, il y a une possible flotte de plus de 300 F-16 dans neuf pays européens, notamment en Belgique, au Danemark, en Grèce, aux Pays-Bas et au Portugal, mais tous ne sont pas en mesure de les céder immédiatement.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait évoqué le chiffre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais cela n’a pas été vérifié. Le Danemark avait promis d’en fournir 19. Les six premiers ne devaient être livrés qu’à la fin de 2023, suivis de huit autres en 2024 et de cinq autres en 2025, a déclaré la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont aussi promis d’en fournir, disposent de 42 unités, mais n’ont pas indiqué combien ils prévoient de céder.

Selon le texte original, les pilotes ukrainiens nécessitent une formation pour le maniement des avions de combat américains. Un groupe de onze pays, alliés à Kiev, s’est engagé à s’occuper de la formation de ces pilotes. Toutefois, selon l’OTAN, ils ne seront probablement prêts à utiliser ces avions en situation de combat qu’au début de l’année 2024. Certains experts prévoient cependant cette éventualité pour l’été de la même année.

Concernant l’assistance militaire fournie à Kiev par ses alliés, cette dernière semble marquée par un ralentissement notable deux ans après le commencement de la guerre à grande échelle. Selon les rapports de l’Institut Kiel, l’aide nouvellement accordée a diminué entre août 2023 et janvier 2024, par rapport à la même période de l’année précédente. Le Sénat américain a du mal à voter pour des aides supplémentaires, tandis que le blocage hongrois a compliqué l’adoption d’une aide de 50 milliards par l’Union européenne (UE) le 1er février 2024.

Les informations fournies par l’Institut Kiel montrent également que le nombre de donateurs diminue et se concentre principalement autour des États-Unis, de l’Allemagne et des pays du nord et de l’est de l’Europe qui offrent une aide financière et militaire considérable. Au total, depuis février 2022, les pays qui appuient Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros, que ce soit en termes militaires, financiers ou humanitaires.

En termes monétaires, les nations les plus prospères se sont avérées être les plus philanthropiques. Avec plus de 75 milliards d’euros de soutien annoncé, et 46,3 milliards en assistance militaire, les États-Unis sont sans conteste les principaux mécènes. Les États membres de l’Union Européenne ont quant à eux déclaré à la fois des assistances atteignant un valeur de 158,1 milliards d’euros. Cela résulte des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) en plus des aides collectives provenant du budget de l’Union Européenne (93,25 milliards d’euros).

Cependant, quand la contribution des pays est évaluée en proportion de leur produit intérieur brut (PIB), la perspective change. Les États-Unis tombent à la vingtième place, avec une contribution de 0,32 % de leur PIB. Ainsi, ils se retrouvent bien après des pays limitrophes de l’Ukraine ou d’anciens états soviétiques allies. Le sommet de la liste est dominé par l’Estonie, avec 3,55 % de son PIB, suivie près du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). Le reste du top 5 est complété par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois États baltes, tous voisins de la Russie ou de son partenaire, la Biélorussie, font partie des plus altruistes depuis le déclenchement du conflit.

La France arrive à la vingt-septième place à l’échelle du ratio PIB ,ayant engage 0,07 % de son PIB, juste après la Grèce (0,09 %). L’aide apportée par la France est en baisse constante depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie : la France était vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.

Quel est l’état des tensions à la limite entre l’Ukraine et la Pologne?

Les relations entre l’Ukraine et la Pologne sont tendues depuis des mois, principalement à cause de la question du transit de céréales ukrainiennes. En 2022, la Commission européenne a initié des « canaux de solidarité » pour permettre la vente de produits agricoles ukrainiens, exemptés de taxes douanières, en direction de l’Afrique et du Moyen-Orient. Néanmoins, environ la moitié de ces céréales traversent ou finissent leur route au sein de l’Union européenne, comme l’indique la Fondation Farm, un organisme de réflexion sur les problèmes agricoles mondiaux. L’issue est que ces céréales sont commercialisées à un coût bien inférieur à celui du blé cultivé en Europe, surtout dans les pays de l’Europe centrale.

La Pologne, ainsi que la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, arguant que ces importations perturbent leur marché interne et les profits des agriculteurs locaux, ont mis en place un blocus sur leurs importations en avril 2023. Bruxelles avait accepté cette mesure, à condition qu’elle ne bloque pas le transit à d’autres pays et qu’elle se limite à une durée de quatre mois. Cependant, Varsovie a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes après l’été, estimant que le problème de fond n’était pas résolu. Par contre, Bruxelles considérait que l’embargo n’avait plus lieu d’être, puisque ses études montraient qu’il n’y avait pas de perturbation continue sur les marchés nationaux des céréales.

Depuis la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, des agriculteurs polonais ont installé un blocus pour empêcher le passage des véhicules ukrainiens dans leur pays. Leur revendication est claire : ils veulent un « embargo total » sur les produits alimentaires et agricoles venus d’Ukraine. Ils pointent du doigt la hausse considérable de leurs frais de production alors que leur capacité de stockage est pleinement utilisée et que les tarifs sont à leur plus bas niveau. Le président ukrainien avait supposé, au début de l’année 2024, que ce blocus à la frontière polonaise était une preuve de « l’affaiblissement de la solidarité » envers sa nation, il a donc demandé à ouvrir un dialogue avec la Pologne. Il a également ajouté que « seule la Russie se félicitait » de ces frictions et a condamné « l’émergence de slogans nettement pro-Poutine ».

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