La rencontre avait été prévue pour neuf heures du matin, juste avant que la voisine qui avait signalé la situation aux services municipaux de Paris ne parte au travail. Le duo de contrôleurs autorisés, responsables de la régulation des locations meublées pour les touristes dans la ville, sonna à l’interphone exactement à l’heure indiquée. Quelques minutes plus tard, une silhouette discrète ouvre rapidement la porte de l’entrée principale de cet immeuble moderne situé au cœur du 15ème arrondissement et informe que « l’appartement Airbnb est loué. Un jeune couple est arrivé hier midi. Il pourrait y avoir encore quelqu’un ». Elle indique l’étage à visiter et avant de partir précise « Ne mentionnez pas mon nom aux autres voisins, car je suis copropriétaire ».
Lors de cette matinée printanière, la municipalité réalise dans le quartier très fréquenté de la rue du Commerce, une opération de vérification des logements en location touristique qui se multiplient à Paris, surtout en vue des Jeux Olympiques à venir. Cette opération a pour but de vérifier si les loueurs suivent les réglementations strictes imposées par la municipalité pour contrôler l’essor des locations saisonnières qui sont accusées d’épuiser le parc de logements locatifs traditionnels.
Dans l’immeuble où les inspecteurs entrent, aucun logement meublé pour touristes n’a été signalé. En arrivant à l’étage indiqué par la copropriétaire, le duo sonne aux portes. « Bonjour, nous sommes de la Ville de Paris, nous vérifions s’il y a des logements en location touristique et des va-et-vient d’individus qui n’habitent pas l’immeuble… » expliquent-ils à la dame âgée qui a ouvert la porte. « Non, ici tout est en ordre », répond-elle. « Et là c’est l’appartement de mon fils, il a des locataires adorables, aucun problème. »
Après la fermeture de la porte, une discussion a commencé: « On n’est pas certain si l’individu défend le Airbnb », se demande Jean, un des contrôleurs (on a changé les prénoms). « Elle (la personne contrôlée) nous a informés qu’il n’y avait aucune utilité à sonner à l’étage en dessous, que l’appartement à droite appartenait également à son fils et qu’un locataire brésilien y résidait depuis longtemps… En mon sens, son fils dirige un Airbnb », spécule Isabelle, sa partenaire. L’enquête continuera au bureau. « Ces vérifications permettent aussi de démontrer que la municipalité de Paris est présente sur le terrain et qu’il n’est pas possible de faire tout et n’importe quoi », note Barbara Gomes, élue (communiste) de Paris et conseillère adjointe responsable des plateformes de location à la mairie, qui a participé à la visite. Des inspections sont conduites chaque mois.
Avant de partir, les inspecteurs certifiés laissent des brochures dans tous les boîtes aux lettres pour rappeler les règles. Une représentation y illustre que le loueur, une fois la conformité du règlement de copropriété de son immeuble confirmée, doit se déclarer à la mairie. Si la location concerne sa résidence principale, elle ne doit pas dépasser 120 jours par an. S’il s’agit d’une résidence secondaire, des autorisations devront être demandées. Le dépliant précise également qu’en cas de violation, vous pourriez faire face à une amende allant jusqu’à 50 000 euros par logement.
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