Après une période de trois mois de préparation, l’armée américaine a réussi à livrer son premier lot de nourriture le vendredi 17 mai, à partir du pont flottant qu’elle a construit sur la côte de Gaza. Cet acte concrétise la promesse faite en mars par le président américain, Joe Biden, suite à l’incident tragique connu sous le nom de « massacre de la farine », où l’armée israélienne avait organisé un convoi de nourriture sans coordination avec les ONGs internationales au nord de Gaza, résultant en l’attaque d’une foule de Palestiniens affamés se jetant sur les camions.
Cette démarche de Washington traduit un sentiment d’impuissance, étant donné que les États-Unis étaient incapables de persuader Israël, leur allié, d’ouvrir de manière adéquate ses frontières à l’aide internationale pour éviter une famine potentielle à Gaza. Trois mois après, la situation a empiré, une véritable famine a été officiellement déclarée par l’ONU dans le nord de l’enclave, les frontières restant fermées depuis janvier et le pont flottant est finalement en fonction.
« Cette manœuvre est en fait un écran de fumée, une distraction. Même si cette aide est appréciée, elle ne compense pas ce qu’Israël retient aux frontières, » a déclaré un haut fonctionnaire de l’ONU avant cette première livraison, sous couvert d’anonymat. Joe Biden, quant à lui, a souligné vendredi que son administration « continue ses efforts auprès d’Israël pour accroître la quantité d’aide entrant à Gaza ».
Le Programme mondial de l’alimentation, une branche de l’ONU qui collabore étroitement avec les gouvernements américain et israélien, a réussi à transporter son premier chargement symbolique sans aucun incident vers ses dépôts situés à Deir Al-Balah, au cœur de l’enclave. Ce chargement comprend des barres enrichies en nutriments, des rations thérapeutiques, de l’eau et des kits d’hygiène. D’autres agences de l’ONU sont censées aider à sa distribution. L’ONU espère que les délais aux points de contrôle militaires dans l’enclave seront réduits, l’aide ayant déjà été inspectée par Israël à son point d’origine, Chypre.
Démontage prévu en septembre.
Lorsqu’il fonctionne à pleine capacité, ce corridor maritime peut acheminer au maximum l’équivalent de 150 camions de nourriture par jour, soit moins d’un tiers de ce qui entrait à Gaza avant la guerre et un dixième de ce que l’ONU estime nécessaire pour commencer à combler l’état de famine et d’urgence sanitaire qui s’est développé dans l’enclave au fil des mois. La promesse faite en mars par Washington et le gouvernement israélien de « submerger » Gaza avec de la nourriture semble loin d’être réalisée. De plus, cette passerelle n’est utilisable que lorsque la mer est calme et devrait être démontée en septembre, à la fin de la saison estivale.
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