À l’approche des élections européennes programmées du 6 au 9 juin, les questions d’immigration refont surface. Ce n’est pas une conséquence directe des rassemblements politiques ou d’une augmentation du nombre de migrants atteignant les rivages de l’Union Européenne (UE), mais plutôt d’une lettre co-signée par quinze pays demandant un renforcement des mesures d’immigration. Cette requête a été formulée seulement trois jours après l’approbation finale par les Vingt-Sept du pacte sur la migration et l’asile, qui a nécessité plus de huit ans de négociations. Jamais une telle majorité d’États membres n’avait soutenu des idées aussi radicales concernant la gestion de la politique migratoire, comme celles exprimées dans ce texte.
Cette lettre, envoyée le 15 mai à la Commission européenne par l’Autriche, le Danemark, la Finlande, l’Italie, la Grèce, la Pologne, les Pays-Bas, les pays baltes, la Bulgarie, la Roumanie, la République tchèque, Chypre et Malte, exhorte le futur exécutif européen, qui sera remodelé après les élections, à « identifier, développer et suggérer de nouveaux outils et solutions pour éviter l’immigration illégale en Europe ».
Etant donné que 380 000 migrants sont arrivés illégalement en Europe en 2023 et qu’un peu plus d’un million de personnes ont demandé l’asile, les États signataires considèrent désormais le système européen comme « insoutenable ». Cette évaluation est contestée par des experts en la matière, ainsi que par les ONG ou l’ONU, alors que les pays d’Afrique et du Moyen-Orient accueillent de bien plus grands nombres de réfugiés sur leur sol.
Depuis janvier, le Parti populaire européen (PPE), un regroupement de la droite conservatrice, se range derrière l’idée de confier le traitement des demandes d’asile à des pays tiers considérés comme « sûrs ». Une proposition substantiellement similaire est soutenue par quinze délégués, malgré leurs divergences idéologiques, qui proviennent d’une variété de partis politiques au sein de leurs gouvernements respectifs.
Parmi ces délégués, on peut mentionner des représentants de l’extrême droite tel que Giorgia Meloni en Italie, des sociaux-démocrates comme on en trouve au Danemark et en Roumanie, ainsi que des conservateurs à la tête des gouvernements en Autriche, en Pologne, en Finlande et en Grèce. Il y a aussi des libéraux comme en Estonie et les Pays-Bas (bien que ces derniers font toujours partie du gouvernement sortant).
Cependant, tous les pays participants aux discussions initiales ne sont pas passés à l’acte. En effet, la France, l’Allemagne, la Suède et la Slovaquie ont choisi de ne pas signer la lettre. La Suède a décliné suite à une différence d’opinion au sein de sa coalition, tandis que le président français, Emmanuel Macron, a défini comme priorité l’application du pacte et des accords de coopération externes. L’Allemagne maintient la même position, tandis que les Pays-Bas, en pleine formation d’une nouvelle coalition dirigée par Geert Wilders, de l’extrême droite, revendiquent leur droit à se désengager de la politique migratoire communautaire.
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