Au premier coup d’œil, on aurait pu confondre l’atmosphère avec celle d’une fête d’école chaleureuse et conviviale. Une scène rudimentaire était érigée contre un panneau de basket et le bord d’un gradin, avec un système de son hésitant qui diffusait péniblement une cacophonie de rythmes scratchés. Des banderoles parsemées de graffitis colorés et imposants, encore chargés de l’odeur de peinture en aérosol, pendaient ici et là.
« Tout avait l’air d’être maintenu ensemble par du ruban adhésif. C’était quelque peu déconcertant. On se demandait ce que l’on foutait là », se rappelle le journaliste Olivier Cachin, qui était arrivé sur le lieu avec son équipe de tournage. C’était le 26 octobre 1990, dans le décor du palais des sports de Saint-Denis. À cette époque, Cachin, qui avec enthousiasme, présentait « Rapline » sur M6 – la seule émission de ce type à la télévision, était venu couvrir La Nuit du Rap.
Parmi les artistes présents, il y avait deux groupes encore largement méconnus, qui allaient bientôt acquérir le statut de légendes : IAM de Marseille et plus particulièrement NTM, des pur produits de Saint-Denis. Leur apparition en bouquet final a provoqué l’euphorie parmi les centaines de jeunes présents dans la salle. « C’était miraculeux, je n’avais jamais rien vu de pareil », commente Olivier Cachin au téléphone. « En 1990, le rap en live n’existait quasiment pas en France. J’ai l’impression que ce concert a marqué le début officiel d’une toute nouvelle ère culturelle ». En cette nuit automnale mémorable, Saint-Denis est alors devenue l’épicentre du mouvement hip-hop français, ce qui était loin d’être un hasard.
Sans précédent en France.
Il y avait une époque préhistorique, il y a environ trente-cinq ans, où le rap français était à peine reconnu. C’était avant que le genre musical urbain ne domine les hit-parades des meilleures ventes d’albums. En 2022, le rap représentait 45 % des dix mille titres les plus écoutés sur les plateformes de streaming, comme le mentionne le Centre national de la musique. Cependant, l’élévation du rap a trouvé son berceau à Saint-Denis, qui a agi comme une incubatrice à ciel ouvert pour cette nouvelle contre-culture.
Nabil Quintessence, une icône locale de la breakdance de 56 ans qui a fait une apparition dans le film La Haine de Mathieu Kassovitz en 1995, décrit cette ville comme un lieu très accueillant et unificateur. «Nous avons tous uni nos efforts en faveur du hip-hop, comme s’il s’agissait d’une question de destin», dit-il.
En effet, la créativité d’une génération entière – des danseurs, graffeurs et rappeurs – a imprégné la ville, grâce au succès du groupe NTM. Olivier Cachin précise : «Si à New York, il y a un débat en cours pour déterminer si le Bronx ou le Queens est le berceau du hip-hop, en France, il est clair que Saint-Denis est le point de déclenchement ».
Lors d’un concert au palais des sports en 1990, JoeyStarr, du groupe NTM, n’a pas manqué de souligner l’unicité de Saint-Denis, en criant plusieurs fois face à la caméra de « Rapline » : « En direct de Saint-Denis ! »
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