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Démonstration de force gouvernementale géorgienne

L’atmosphère a subi une transformation significative par rapport aux semaines précédentes. Le vendredi 17 mai à Tbilissi, en Géorgie, des hymnes liturgiques et polyphoniques ont remplacé les coups de sifflet persistants qui se faisaient entendre devant le Parlement depuis un mois, exprimant leur opposition au projet de loi controversé sur « l’influence étrangère ». La composition du public a également changé : moins de jeunes, mais davantage de familles, de personnes âgées et de prêtres étaient présents en grand nombre. Dès le matin, des dizaines de milliers de Géorgiens ont convergé vers la capitale pour célébrer la « journée de la pureté de la famille », qui promeut les valeurs traditionnelles dans cet ancien territoire soviétique du Caucase.

Cette fête, initiée en 2014 par l’Église orthodoxe géorgienne, a été programmée pour coïncider avec la journée mondiale de lutte contre l’homophobie. Cependant, cette année, l’objectif principal était de montrer la force du gouvernement, qui fait l’objet de protestations quotidiennes de milliers de manifestants depuis le renouvellement de son projet de loi. Ce projet est une copie d’une loi russe et vise à faire taire la société civile et les médias indépendants.

Plusieurs dirigeants du parti au pouvoir, Rêve géorgien, y compris le premier ministre, Irakli Kobakhidze, ont rejoint le défilé jusqu’à la cathédrale de la Sainte-Trinité, la plus grande église de la ville, dont la construction a été financée par le leader influent du pays, Bidzina Ivanichvili. Le gouvernement a également officiellement proclamé ce jour comme une fête nationale et un jour férié en 2024.

« C’est de la propagande homophobe ».

Sensibles au danger de provocation et d’affrontement, ceux qui s’opposent à la proposition de loi concernant « l’influence étrangère » ont demandé à éviter les manifestations ce jour-là. « Le gouvernement cherche à prouver qu’il est plus puissant que les manifestants, » soupire David Matiachvili, un jeune étudiant journaliste de 22 ans, présent pour couvrir l’événement. « La majorité des personnes présentes aujourd’hui sont des employés de l’État, ils sont parfaitement conscients qu’ils risquent de perdre leur emploi s’ils n’assistent pas. Cependant, certains d’entre eux sont là par conviction, » ajoute-t-il. « C’est la journée de la propagande homophobe, les gens sont là pour s’opposer aux LGBT. »

Dans la foule, la plupart défendent l’idée que « la famille, c’est un père et une mère. » « Nous sommes ici pour protéger la pureté des valeurs familiales et exprimer notre loyauté à nos traditions et à l’État, » affirme Tamar Khorgouani, une femme de 60 ans, qui est venue avec sa fille et son petit-fils. Comme beaucoup d’autres participants, cette croyante orthodoxe fait preuve d’une grande hostilité envers les minorités sexuelles. Elle est également convaincue que « les Européens essaient d’imposer aux Géorgiens d’accepter le mariage homosexuel pour intégrer l’Union européenne. « La Géorgie n’a d’autre choix que de se tourner vers l’Europe, mais elle doit nous accepter tels que nous sommes, avec nos valeurs et notre dignité! », insiste-t-elle.

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