ÉCRIT DE GENÈVE
Les cartes postales peinent à rivaliser. Imposant sur une pelouse d’une verdure éblouissante, quelques édifices art nouveau se démarquent, au-dessus d’un lac alpin oscillant entre le vert émeraude et le turquoise. Le Bürgenstock, un complexe hôtelier dans le canton de Nidwald, au cœur du pays, offre une vue exceptionnelle sur le lac des Quatre-Cantons, le plus sinueux des lacs suisses. Les anglo-saxons, premiers touristes étrangers à le visiter, l’appellent plutôt Lake Lucerne.
Les 60 hectares de ce domaine, un refuge loin des tracas du monde, sont un symbole de l’imaginaire suisse. Comme le décrit un commentateur du journal Le Temps, « à la fois le Grand Budapest Hotel, un quartier de Palm Springs et un village de vacances; aussi bien une étape obligatoire du Grand Tour [un grand voyage européen réservé aux jeunes privilégiés], prisée par des personnalités comme Konrad Adenauer et Audrey Hepburn, que destination des sorties scolaires des petits Suisses d’autrefois ».
Il y a deux semaines, la diplomatie suisse a émis des invitations à environ cent soixante chancelleries pour une « conférence sur la paix » en Ukraine, prévue les 15 et 16 juin. Jusqu’à présent, cinquante d’entre elles ont confirmé leur participation le 15 mai. Le pays s’attend à recevoir une centaine de dirigeants. L’objectif de Berne est de rappeler le rôle bienveillant et modeste de la Suisse, toujours disposée à utiliser sa position de médiateur pour promouvoir la paix mondiale. Depuis des décennies, ce rôle a permis à la Suisse de justifier sa neutralité, sans être directement impliquée dans les affaires mondiales, tout en tirant profit de la situation géopolitique.
Le rôle de « bons offices » a joué un rôle central dans la politique étrangère suisse, bien qu’il ait perdu de sa brillance. Cependant, il continue à être la base commune pour tous, de gauche à droite, et est souvent utilisé comme une excuse pour éviter d’avoir une politique étrangère, explique Sacha Zala, un historien du diplomatie suisse.
La présence de Macron et Scholz a été confirmée.
La Suisse a souvent défendu son indépendance en arguant que cela la préparait idéalement à une position de médiateur. Il est indéniable que la diplomatie Suisse a connu certains triomphes, par exemple, leur intervention réussie lors de la guerre d’indépendance algérienne en 1962. Cependant, ils ont également essuyé de nombreux revers, surtout en tentant de s’impliquer dans des affrontements armés. Le plan du Conseil fédéral Suisse pour résoudre la crise de Suez en 1956 en organisant une conférence de paix s’est terminé en désastre. De même, leur tentative de médiation entre le Nord-Vietnam et les États-Unis en 1968 a été un échec. De plus, lorsque la Suisse a offert ses services de médiation à la Grande-Bretagne pendant la guerre des Malouines, Margaret Thatcher, irritée, n’a pas daigné répondre à l’appel. Plus de la moitié de cet article est encore à lire, mais l’accès est limité aux abonnés.
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