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17 mai 2024 14 h 11 min

« Transformer plutôt détruire: Défi des architectes »

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Bien que Le Soin des choses, écrit par Jérôme Denis et David Pontille (La Découverte, 2022), ait reçu le Prix du livre de l’Académie d’architecture en novembre 2023, il ne s’agit pas d’un ouvrage sur l’architecture. Au contraire, il s’agit d’une plongée dans le domaine de la maintenance, l’art humble et écologiquement et politiquement important de faire durer les objets.

L’analyse sociologique contenue dans le livre soutient la réflexion des architectes, qui sont de plus en plus nombreux à vouloir redonner vie aux structures existantes, plutôt que de les détruire pour en construire de nouvelles. « Le livre a été largement diffusé dans les écoles d’architecture. Les étudiants y ont trouvé une nouvelle approche pour adapter leur profession aux défis posés par le changement climatique, la diminution des ressources et la pénurie de logements », déclare Jérôme Denis. En effet, réexaminer le bâti actuel pour répondre aux besoins modernes apparaît comme une méthode plus vertueuse et pragmatique pour créer, à l’opposé des extravagances de l’architecture de spectacle, souvent porteuse d’un geste artistique peu modeste et masculin.

L’exposition « Conserver, adapter, transmettre », qui a eu lieu au Pavillon de l’Arsenal il y a un an, avait également ce message, où quarante-quatre projets parisiens de transformation de l’existant étaient présentés. Il est important de noter que, selon le dernier rapport sur l’état mondial des bâtiments et de la construction, publié en 2022, l’industrie du BTP est responsable de 40% des émissions mondiales de carbone, et qu’une démolition génère bien plus de CO₂ qu’une réhabilitation.

Depuis un quart de siècle, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal prônent la transformation plutôt que la démolition, une philosophie qui leur a valu le prix Pritzker 2021 en reconnaissance de leur approche généreuse et économe. Lacaton & Vassal sont appréciés pour avoir réinventé le Palais de Tokyo et créé le FRAC Nord-Pas-de-Calais sur le site d’anciens chantiers navals à Dunkerque. Ils sont déterminés à préserver les bâtiments résidentiels des années 1960 et 1970, qui sont souvent condamnés à être démolis et remplacés par des constructions modernes. En 2011, associés à leur collègue architecte Frédéric Druot, ils se sont démarqués en transformant la tour Bois-le-Prêtre, un HLM insalubre à la périphérie de Paris, dans le 17e arrondissement, en appartements lumineux et spacieux, chacun doté d’un jardin d’hiver.

Patrick Rubin, cofondateur de l’agence Canal Architecture avec son frère, Daniel, estime que chaque fois qu’un bâtiment peut être revitalisé, c’est une victoire. Rubin fait partie de ces professionnels qui, dès les années 1980, ont converti des terrains en friche, des bâtiments devenus inutiles à la suite de la désindustrialisation déclenchée par le premier choc pétrolier en 1973-1974. Il admire l’intelligence des constructions industrielles, avec leur grand espace intérieur, leurs larges ouvertures et l’absence de murs porteurs à l’intérieur. Ces caractéristiques offrent de nombreuses possibilités de réaménagement.
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