L’Union européenne a pour ambition de réaliser la transition climatique tout en prévenant les crises liées aux dettes publiques. Toutefois, ces deux objectifs semblent actuellement en conflit dans le cadre des politiques mises en place. Pour parvenir à un accord entre la durabilité économique et climatique, il est nécessaire d’intégrer des réglementations climatiques aux directives budgétaires de l’UE.
Sans modification des normes européennes, un dilemme compromettant pourrait se poser. La lutte contre le changement climatique, en tant qu’obligation juridique, est inscrite dans les traités de l’UE et dans la loi sur le climat de 2021. Notre objectif doit être d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et, d’ici 2030, de réduire d’au moins 55% nos émissions nettes de gaz à effet de serre (par rapport aux niveaux de 1990). Pour atteindre ces objectifs, qui sont déjà en retard, des fonds considérables sont nécessaires : environ deux à trois points de PIB européen supplémentaires par an jusqu’en 2030, selon diverses estimations. C’est une estimation conservatrice, qui ne tient pas compte de facteurs tels que les préoccupations environnementales globales, les dommages liés au climat ou la justice sociale.
D’autre part, nous avons convenu de nouvelles règles budgétaires plus strictes. Celles-ci visent à garantir la durabilité de nos dettes publiques, qui atteignent actuellement en moyenne 82% du PIB. Cependant, ces directives risquent de restreindre la marge de manœuvre des États et ne sont pas facilement compatibles avec le financement de la transition. Le think-tank Bruegel estime que cette réforme pourrait entraîner un réajustement budgétaire moyen de 1,7% du PIB européen en quatre ans.
« Des obligations de mise en œuvre et de résultats »
Si nous négligeons de réfléchir à la manière de trouver un équilibre entre ces objectifs, nous pourrions finir par tomber sur tous les fronts. Sur le plan écologique, les politiques d’austérité réemergentes peuvent entraver notre progression vers nos cibles, surtout compte tenu du fait que les années à venir sont cruciales. Cette situation se manifeste déjà, comme l’a démontré Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, en annonçant une réduction budgétaire de 10 milliards d’euros en 2024, et le ministère de l’écologie en est l’principal affecté. Economiquement, ce retard risque de nous coûter beaucoup plus cher à moyen terme à cause de l’impact cumulatif des chocs. Nous pourrions être contraints de régler l’addition de manière onéreuse, en augmentant le coût du carbone, une situation qui pourrait mettre en danger des familles et des entreprises. Le reste de cet article, représentant 58,86%, est disponible uniquement pour les abonnés.
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