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17 mai 2024 2 h 12 min

« Nos envies de lecture: Miroirs, Crépuscule, Lait »

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« LA SÉLECTION DU MATIN
Pour cette semaine, on a sélectionné une série de lettres de l’écrivain italienne stupéfiante de L’Art de la joie, Goliarda Sapienza (1924-1996). Nous découvrirons des clés de lecture précieuses sur sa vie et son œuvre. Il y aura aussi le monologue déconcertant, truffé de colère jouissive, d’une vieille femme sur le bord d’opter pour la mort afin d’échapper à la maladie, écrit par Emmanuelle Pirotte. Un compilé d’articles conduits par l’historien Nicolas Siron offre une nouvelle perspective sur l’Athènes classique du Ve siècle av. J.-C., spécialement à travers le prisme de l’Agora. De plus, un essai sur l’écriture et une compilation de portraits réels ou imaginaires du romancier haïtien Lyonel Trouillot, constituent une autre sélection. Enfin, la chronique déchirante des familles éclipsées dans les nouvelles d’Emmanuelle Salasc.
CORRESPONDANCE. « Miroirs du temps », de Goliarda Sapienza
Née en mai 1924 à Catane, en Sicile, Goliarda Sapienza, qui est décédée en 1996, aurait eu 100 ans cette année. Parmi les nombreuses publications en lien avec cet anniversaire, Miroirs du temps, une anthologie de sa correspondance, vient finaliser l’édition de son œuvre complète au Tripode. Il fournit une vue d’ensemble de la correspondante charmante qu’était l’auteure de L’Art de la joie (Viviane Hamy, 2005 ; rééd. Le Tripode, 2015), ce roman gigantesque qui a consommé dix ans de sa vie et qui n’a jamais été publié de son vivant. »

Ces correspondances, datant de 1950 à 1996, comprennent des destinataires influents tels que Luchino Visconti, avec qui elle a collaboré dans quelques rôles cinématographiques mineurs. Par le biais de ces lettres, nous parvenons à reconstituer les diverses facettes de Goliarda Sapienza – sa présence au cinéma, au théâtre et en littérature. Nous arrivons aussi à entrevoir ses instants de désespoir, occasionnés fréquemment à cause de l’échec de son roman, et à chaque fois, nous ressuscitons avec elle.

La tonalité de ses écrits varie entre la sagesse profonde, la joie, la reflexion métaphysique, le désespoir, la malice ou même l’ironie, mais elle est toujours teintée d’un espoir invincible. Art de la vie, légèreté de l’esprit, et Femme de Sagesse, voilà l’essence de Sapienza en italien, et elle incarne ces attributs avec élégance et bravoure. Elle fait souvent référence à la réaction de Pirandello face à la critique, notamment à la fin de son roman.

ROMAN. « Brillant crépuscule d’une vie conformiste », d’Emmanuelle Pirotte. La narratrice s’occupe du nettoyage, mais pas du type habituel. Elle essaie de polir sa vie, d’éliminer la couardise et le mensonge qui ont dicté son destin. Pour contrer la maladie d’Alzheimer, elle choisit une approche différente : dans deux jours, à 20 heures, la voix qui nous submerge avec son amertume s’éteindra.

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