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17 mai 2024 3 h 13 min

« Culte de Modi, campagne BJP Inde »

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Narendra Modi, en route pour espérer son troisième mandat consécutif en tant que Premier ministre, a fait une démonstration impressionnante de sa dévotion et de sa popularité. Engageant le protocole complet, il a été vu dans une procession en voiture de 6 kilomètres, accueilli par une pluie de pétales de fleurs. Lui, un fervent hindou, a également participé à une cérémonie religieuse dans un temple dédié au bien-aimé dieu Shiva et s’est immergé dans le Gange. Cette procession se déroulait à Bénarès (Varanasi), sa circonscription, lundi 13 mai, marquant la fin de la quatrième phase du vote des élections législatives sur six. Les résultats des élections sont attendus le 4 juin, avec la fin du vote le 1er juin.

La majorité des votes enregistrés électroniquement ont déjà été exprimés dans les principales circonscriptions. Bien que les sondages aient été suspendus pour le déroulement du scrutin, on ressent une evolution de l’ambiance par rapport au début de la campagne où la victoire de Modi semblait être une évidence.

En effet, ces élections ont été fortement personnalisées par le Premier ministre de 73 ans. Le paysage de la campagne indienne ne voit quasiment plus son parti, le BJP, au premier plan. Seule la figure du Premier ministre reste omniprésente, attirant toute l’attention des médias et monopolisant les discours politiques. Seulement deux personnages de l’extrême droite sont perceptibles en arrière-plan, Amit Shah, le ministre de l’intérieur, et le chef de gouvernement de l’Uttar Pradesh, le moine fondamentaliste, Yogi Adityanath. Même le manifeste du BJP est intitulé « Les garanties de Modi ».

Malgré quatre semaines d’intenses efforts, le camp au pouvoir semble avoir perdu de son assurance. L’atmosphère est nettement distincte de celle des élections de 2014 et 2019, où le BJP et son chef semblaient invincibles, soutenus par un élan de popularité considérable, la « moditva » ou la « modimania », face à une opposition fragmentée et faible. « Modi demeure apprécié, en raison de son image de marque méthodiquement élaborée. Cependant, l’accueil réservé aux candidats de son parti est largement indifférent, si ce n’est méprisant », exprime Shashi Tharoor, une figure importante du Parti du Congrès, dans une opinion amplifiée par les media.

« Un manque flagrant de nouvelles idées »

Contrastant avec les deux scrutins précédents, l’opposition est maintenant unifiée et parvient à canaliser les frustrations des citoyens face à l’ample chômage et à l’inflation. Plus encore, le BJP n’a pas su se renouveler sur le plan programmatique, et son manifeste ressemble davantage à un rapport d’activités qu’à un projet. « La campagne du BJP révèle un déficit criant de nouvelles idées. Lors des scrutins précédents, le parti parvenait à dicter l’agenda, à imposer ses thèmes et son rythme. Cette fois, il ne présente aucune proposition significative, et Modi, pour rallier ses soutiens, est forcé de recourir à un discours antimusulman qui reflète bien sûr l’essence des nationalistes hindous, mais qui dévoile une certaine nervosité », révèle Gilles Verniers, professeur de sciences politiques à Amherst College (Massachusetts).

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