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16 mai 2024 10 h 07 min

« Racisme au Travail: Calvaire des Patients »

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Esther se rappelle encore, avec émotion, le martyre qu’elle a subi dans l’entreprise où elle travaillait dans le domaine de l’événementiel. A chaque nouvelle journée, elle était saisie par une angoisse qui l’empêchait même de dormir la nuit. Elle ressentait des nausées, des crises de larmes et de l’angoisse en pensant simplement à son lieu de travail. Tout cela a persisté pendant près de huit mois.

Son supérieur se jouait d’elle en la mettant constamment à mal. Elle matérialisait ses sentiments de supériorité par des paroles humiliantes, se moquant d’elle sans repos. Cela a laissé une marque profonde sur Esther qui, malgré un licenciement il y a plus de trois ans, éprouve toujours une douleur intense. « Je n’arrive pas à me relever », avoue-t-elle. Cependant, avec l’aide de sa psychologue, elle espère surmonter cette peine en déchiffrant le jeu de pouvoir sous-jacent derrière la discrimination raciale dont elle a été victime.

Dans son livre intitulé « Le Racisme ordinaire au travail » (Erès), la psychologue Marie-France Custos-Lucidi partage les expériences vécues par sept de ses patients, dont Esther, Inaya et Abdel. Ils ont tous souffert au travail, victimes de racisme et de discrimination. La psychologue éclaire les douleurs qu’ils ont traversées, les complexes psychiques qu’ils cherchent à résoudre au fur et à mesure de leurs séances et les méthodes utilisées par leurs employeurs pour les opprimer.

Au fur et à mesure que nous avançons à travers le livre, nous devenons captivés par les parallèles entre les différentes histoires partagées. Certains employés sont animés d’un désir d’excellence, démontrant un dévouement exceptionnel dans leur travail, tout en éprouvant des difficultés à obtenir des emplois correspondant à leur niveau d’éducation. Ils subissent aussi, pendant de longues périodes, des humiliations, parfois même en participant à un système dont ils désapprouvent l’éthique.

Une « soumission volontaire »

Pour « assurer [leur] titre de séjour » ou pour tenter d’accéder à un monde de « puissants » qui leur semble interdit, ils supportent, coincés dans une « soumission volontaire ». Leur participation au système qui les consume est une source de douleur supplémentaire. Néanmoins, en prenant conscience de leur engagement, ils parviennent à alléger leur fardeau et à retrouver leur énergie vitale.

Le livre nous guide à travers les histoires des patients, nous permettant de comprendre les intrications complexes qui se font jour dans leur recherche d’un « statut social ». Le parcours professionnel se confond avec l’histoire personnelle et familiale. De nombreux facteurs se mêlent pour expliquer leurs actions et, par conséquent, leur douleur. Abdel, un ingénieur en bases de données, se souvient qu’étant enfant, sa mère lui disait souvent: « Ne faites pas de bruit, ne créez pas de problèmes avec les autres. » Cette injonction apporte une perspective plus claire sur sa passivité apparente face aux humiliations et à un parcours professionnel qui le perturbe.

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