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« Goliarda: Correspondance et Miroirs du Temps »

« Correspondances » (Lettere e biglietti), une œuvre de Goliarda Sapienza, a été éditée par Angelo Pellegrino et traduisit en français par Nathalie Castagné, publié par Le Tripode, il y a 320 pages et se vend à 25 €. Il y a vingt ans, c’est-à-dire en 2005, L’Art de la joie (Viviane Hamy), un livre exceptionnel et unique, a été publié en France. Il était l’œuvre d’une sicilienne au nom atypique; bien que Goliardo soit un prénom italien, Goliarda ne l’est pas, et son nom de famille, Sapienza, signifie « sagesse ». En 1976, trente ans avant la publication de ce livre en France, Goliarda Sapienza (1924-1996) avait terminé ce projet colossal qui lui a coûté une décennie de sa vie. Malheureusement, tous les éditeurs italiens ont refusé son manuscrit, le jugeant trop long, trop cru, trop provocateur, ou simplement, trop en avance pour son temps. Lorsque le livre a été finalement publié en France, cette exploration du XXe siècle par une femme aussi audacieuse qu’iconoclaste a remporté un succès critique et commercial phénoménal, avec plus d’un demi-million d’exemplaires vendus. Malheureusement, Sapienza était décédée depuis presque une décennie au moment de ce triomphe posthume.

Goliarda Sapienza, qui est née à Catane en 1924, aurait célébré son centième anniversaire cette année. En son honneur, La Comédie du Livre la célèbre pendant 10 jours en mai à Montpellier, et en Italie, son travail a été totalement reconsidéré. En France, l’éditeur travaille de manière intensive, avec une biographie intitulée « Vies, morts et renaissances de Goliarda Sapienza » par Nathalie Castagné, sa traductrice (Seuil) ; un portrait nommé « Goliarda » par Angelo Pellegrino, son compagnon final (Le Tripode); un livre audio narré par Anna Mouglalis, « Moi, Jean Gabin » (Des femmes-Antoinette Fouque) où Sapienza s’identifie à l’adolescente, incarnant le voyou et anarchiste de Quai des brume et Pepé le Moko. Enfin, « Miroirs du temps », une collection de ses correspondances, marque la fin de l’édition de son travail complet au Tripode.

C’est un aspect moins connu de Sapienza: son œuvre épistolaire, qui continue de séduire ses fans. Elle affirmait que pour elle, « l’écriture était comme parler ». Elle explique sa détestation de « ce fil glacé et aliénant nommé téléphone ». Par conséquent, elle comblait des pages de son écriture de plus en plus étroite, « comme un électrocardiogramme » (Pellegrino). Son ton varie entre profond, joyeux, métaphysique, désespéré, ludique, ironique, toujours imprégné d’espoir, même durant ses « grandes perturbations », des moments de détresse qu’elle a nommés ainsi. Elle était toujours brutale et explicite, avec des « Je te hais » et « Va te faire f… », prouvant que Sapienza avait une réponse tranchante et directe.

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