Une Thaïlandaise de 28 ans, Netiporn Sanesangkhom, également connue sous le nom de « Bung », est décédée mardi 14 mai suite à un arrêt cardiaque causé par une grève de la faim. En protestation contre le durcissement de la loi de lèse-majesté, elle a suscité une vague d’émotion en Thaïlande. Une cérémonie commémorative a été organisée en son honneur mardi soir devant le tribunal de Ratchadapisek, situé au cœur de Bangkok.
Sa mort a suscité une grande tristesse parmi de nombreuses personnes qui ont partagé leur chagrin sur les médias sociaux. Des ambassades de nombreux pays occidentaux ont présenté leurs condoléances à sa famille. D’autre part, Amnesty International a dénoncé sa mort comme un « rappel brutal que les autorités thaïlandaises répriment les activistes démocratiques dans une tentative évidente de museler toute dissidence pacifique ».
Il est courant pour les activistes anti-royalistes d’organiser des grèves de la faim, que ce soit en prison, pour contester le refus de libération conditionnelle, ou en dehors, en solidarité avec ceux qui sont incarcérés. C’est cependant la première fois qu’un tel acte de protestation conduit à une issue fatale.
« Bung » a été incarcérée à partir de janvier 2024 pour non-respect des termes de sa probation suite à une accusation de lèse-majesté en 2022. Refusant de manger dès le second jour, le 27 janvier, elle est restée sans se nourrir pendant au moins 65 jours consécutifs, peut-être même jusqu’à 110 jours avec des interruptions. Son exigence était « la réforme de la monarchie et le droit de tenir et exprimer différentes opinions ». Après plusieurs transferts entre l’hôpital de la prison et un grand hôpital à Bangkok, elle est décédée suite à son réadmission à l’hôpital de la prison, où, selon les responsables, elle avait recommencé à manger. L’avocate de « Bung » soutient qu’elle aurait dû être sous une surveillance médicale accrue.
« Combien de personnes devront mourir ? »
La mort de « Bung » a gêné le gouvernement du Premier ministre Srettha Thavisin, soutenu par une alliance formée avec les parties liées aux auteurs du coup d’État de 2014. Jusqu’à présent, il a ignoré les appels à l’amnistie de la part de la société civile et l’opposition pour environ 2 000 personnes accusées par la justice thaïlandaise pour différents délits politiques à la suite d’une série de manifestations anti-royales en été 2020.
Dans ce groupe, 270 personnes font l’objet de poursuites pour crime de lèse-majesté, un délit passible de trois à quinze ans d’emprisonnement. En outre, environ 1 650 individus sont accusés de sédition, de violation des lois sur l’informatique ou de l’état d’urgence. De telles accusations ont conduit à des peines de plusieurs décennies pour certains activistes. Les procédures peuvent se superposer et durer des années, avec souvent la prison imposée avant même le procès, une «injustice» constamment dénoncée par les défenseurs des droits de l’homme. «Doit-on attendre que quelqu’un meure pour que vous agissiez? Combien de personnes doivent mourir?», a demandé mardi la militante Panusaya Sitijirawattanakul, une figure de proue des manifestations d’août 2020, s’adressant au premier ministre lors d’un hommage à «Bung».
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