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16 mai 2024 1 h 09 min

« Direct: Dernières Nouvelles Guerre Ukraine »

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Consultez tous nos articles, décodages et reportages concernant le conflit en Ukraine. Les travaux d’investigation, d’analyse et d’explication du quotidien « Le Monde » couvrent divers aspects du conflit, du calvaire des familles ukrainiennes déplacées de Gaza aux bombes d’Odessa. Lors des célébrations du 9 mai, Vladimir Poutine a reproché à l’Occident de « provoquer constamment plus de conflits ». Entre-temps, dans son livre « L’avenir se joue à Kyiv », Karl Schlögel parle d’une Europe retrouvée.

En préparation des Jeux de Paris 2024, l’Ukrainienne Mariia Vysochanska, porteuse du flambeau et d’espoir, fait partie des figures marquantes. De son côté, Vladimir Poutine est vu comme le gagnant majeur de la guerre de Gaza. Par ailleurs, en Ukraine, le combat des femmes victimes d’agressions sexuelles, appelées « survivantes », est long dans un pays où le viol est un sujet tabou.

Répondre à vos interrogations fréquemment posées est l’une de nos priorités. En quoi l’usage de drones affecte-t-il Moscou et Kiev ? Depuis quelques mois, le combat des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint une dimension nouvelle. Selon une étude britannique publiée en mai 2023 spécialisée sur les questions de défense, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones chaque mois sur le front, soit plus de 300 chaque jour. A comparer, l’armée française a un peu plus de 3 000 drones dans ses réserves.

Russes et Ukrainiens utilisent surtout de petits UAV (véhicule aérien sans pilote, en anglais) d’origine civile, économiques et disponibles en abondance. Ils sont principalement utilisés pour observer le front et diriger les troupes ou les tirs d’artillerie; certains sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones kamikazes, bien qu’ils soient moins nombreux, jouent un rôle crucial. Equipés d’engins explosifs, ces véhicules aériens sans pilote sont lancés au-dessus des lignes de front sans une cible pré-déterminée. Moscou utilise les Lancet-3 russes ainsi que les Shahed-136 iraniens. En l’absence d’une flotte de guerre conséquente, l’Ukraine défie l’adversaire avec des drones maritimes, petits kayaks télécommandés contenant des explosifs (450 kilos de TNT).

Preuve de l’importance des drones dans les opérations, aussi bien les Ukrainiens que les Russes se sont organisés pour assurer l’approvisionnement de leurs troupes sur la durée. Ils le font non seulement en achetant massivement des drones civils sur le marché, mais également en développant des capacités de production locales. Après un démarrage difficile lors du début de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie ukrainienne s’est renforcée. En fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a déclaré qu’une réplique du drone russe Lancet avait été développée et serait bientôt déployée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Malgré les sanctions occidentales limitant l’approvisionnement en composants électroniques, les informations selon lesquelles la Russie aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour fabriquer des drones kamikazes de conception iranienne, tels que les Shahed-136, semblent fiables.

Il est extrêmement difficile, sinon impossible, d’établir l’état actuel des stocks de missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainien relayent régulièrement des informations sur le sujet, mais leurs estimations sont sujets à débat.

Andri Ioussov, le porte-parole de la direction générale du renseignement du ministère de la défense (GUR), a été cité par Liga.net déclarant que l’armée russe possédait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le début de la guerre. Au début de cette année, il en restait encore plus de 900. De plus, Ioussov a ajouté qu’il y a une dizaine de milliers de missiles antiaériens S-300 avec une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un stock conséquent de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, le deuxième responsable du GUR, a annoncé qu’il y avait 585 missiles d’une portée dépassant les 500 kilomètres.

En ce qui touche à la production, la capacité serait d’environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon plusieurs experts. Le GUR estime en octobre que cette production atteint 115 unités.

Il a été rapporté que la Russie a également acquis des missiles à courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait de le faire. D’après l’agence Reuters, qui cite plusieurs sources en Iran, 400 missiles iraniens de la série Fateh-110 (d’une portée de 300 à 700 kilomètres) ont été livrés à la Russie depuis janvier, lorsque un accord a été convenu. Le nombre exact de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste inconnu, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, comme l’affirme le procureur général, Andriy Kostin. Selon les experts qui ont analysé les débris et les trajectoires, ces missiles seraient probablement des KN-23 et KN-24, ayant une portée d’environ 400 kilomètres.

Quant aux avions de combat F-16, on ne sait pas encore grand-chose.

En réponse à une requête de longue date de la part du président de l’Ukraine, les États-Unis ont, en août 2023, approuvé l’expédition de jets de combat F-16 à l’Ukraine. Malgré la présence potentielle de plus de 300 F-16 répartis dans neuf pays européens, notamment la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous ne peuvent pas immédiatement se délester de leurs avions.

Volodymyr Zelensky a avancé que 42 F-16 lui ont été promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais cette affirmation n’a pas été validée. Le Danemark a promis d’en livrer 19. Les six premiers devraient arriver fin 2023, huit de plus l’année suivante et cinq autres en 2025, d’après le Premier ministre danois, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des avions, possèdent 42 unités, mais n’ont pas révélé combien ils prévoyaient d’en céder.

En outre, les pilotes ukrainiens doivent être formés sur ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à former ces pilotes. Selon l’OTAN, les soldats ukrainiens ne seront pas prêts à utiliser les avions en situation de combat avant le début de 2024, tandis que d’autres experts prévoient l’été de la même année.

Quel est donc le soutien militaire que ses alliés apportent à Kiev ?

Deux ans après le déclenchement d’une guerre d’envergure, l’appui occidental à Kiev semble atténuer son enthousiasme. Le récent rapport de février 2024 de l’Institut Kiel révèle une baisse des engagements d’aide récents entre août 2023 et janvier 2024, comparativement à la même période l’année précédente. Il devient plus difficile pour le Sénat américain de faire approuver des aides, de même pour l’Union européenne (UE) qui a eu du mal à faire adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison d’une opposition hongroise. Ces deux nouveaux paquets d’aide n’ont pas encore été inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel qui s’arrête en janvier 2024.

L’étude de l’institut allemand montre une réduction du nombre de donateurs, qui semble se concentrer autour d’un groupe de pays principaux : les États-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces pays promettent à la fois une aide financière conséquente et des armements de pointe. Au total, depuis février 2022, les pays soutenant Kiev se sont engagés à verser au moins 276 milliards d’euros en termes militaires, financiers ou humanitaires.

En chiffres absolus, les nations les plus prospères ont démontré une générosité plus marquée. Les États-Unis sont en tête avec plus de 75 milliards d’euros promis, dont 46,3 milliards pour l’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont proposé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) ainsi que des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

En comparant les contributions des pays donateurs à leur produit intérieur brut (PIB), on remarque une variation significative dans le classement. Les États-Unis se retrouvent relégués à la vingtième position (0,32% de leur PIB), dépassés de loin par des nations frôlant l’Ukraine ou des anciens États soviétiques. L’Estonie, en revanche, se hisse au sommet des dons en proportion du PIB, avec un taux de 3,55%. Elle est suivie de près par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Les deux derniers pays du top 5 sont la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Tous ces trois pays baltiques, partageant des frontières avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis l’éclatement du conflit.

En termes de pourcentage de PIB, la France ne se situe qu’à la vingt-septième position, ayant consacré peniblement 0,07% de son PIB à l’aide, juste derrière la Grèce (0,09%). L’aide de la France a connu une décroissance continue depuis le début de l’incursion russe en Ukraine – elle était à la vingt-quatrième place en avril 2023 et treizième en été 2022.

Quelles sont les informations disponibles sur les tensions à la frontière ukraino-polonaise ?

Les tensions entre l’Ukraine et la Pologne en relation avec le transport de céréales durent depuis plusieurs mois. En 2022, la Commission européenne a initié des « routes de solidarité » pour aider l’Ukraine à exporter et vendre ses produits agricoles sans tarifs douaniers vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, selon la Fondation Farm, environ 50% des céréales ukrainiennes traversent ou terminent leur trajet dans l’Union européenne (UE). Ces céréales affichent un prix nettement inférieur au blé produit en UE, en particulier dans les pays de l’Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont contesté ces importations, affirmant qu’elles perturbent leur marché local et les revenus de leurs agriculteurs. En réponse, ces pays ont unilatéralement bloqué leurs importations de céréales en avril 2023. Bruxelles a accepté cette décision, à condition que le transit vers d’autres pays ne soit pas entravé et que la mesure ne dure que quatre mois.

Cependant, malgré l’expiration de cet embargo, Varsovie a refusé de lever ses restrictions sur le transit de céréales ukrainiennes fin été, arguant que les problèmes sous-jacents n’étaient pas résolus. Cette décision entre en conflit avec l’évaluation de Bruxelles, qui considère que le déséquilibre des marchés nationaux de céréales n’est plus une problématique.

Les fermiers en Pologne ont mis en place un barrage à la frontière polono-ukrainienne afin de barrer l’entrée des camions en provenance d’Ukraine sur leur territoire. Ils demandent l’instauration d’un « embargo total » sur les produits alimentaires et agricoles ukrainiens. Ils sont en colère en raison de l’augmentation de leurs frais de production pendant que leurs silos et entrepôts sont plein à craquer et que les prix sont au plus bas. Le président de l’Ukraine a déclaré début 2024 que cette fermeture de la frontière polonaise est une preuve de « l’affaiblissement de la solidarité » envers son pays et a sollicité des discussions avec la Pologne. Il a également indiqué que ces tensions font le bonheur de Moscou et a déploré « l’émergence de slogans explicitement pro-Poutine ».