Au cours de la nuit entre le lundi 13 et le mardi 14 mai, plusieurs mains rouges ont été dessinées sur le Mur des Justes, situé à l’extérieur du Mémorial de la Shoah à Paris, où sont gravés les noms de 3 900 personnes qui ont aidé à sauver des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. En plus du mur, une dizaine de bâtiments dans le quartier juif historique du Marais, dont des écoles et des crèches, ont également été marqués de ce signe débattu, souvent utilisé lors de manifestations propalestiniennes pour exiger un cessez-le-feu à Gaza. Ce signe a été principalement observé à la fin avril devant Sciences Po, où des étudiants ont levé leurs mains peintes en rouge vers le ciel.
Pour certains, ce geste fait référence au lynchage de deux soldats israéliens par une foule en octobre 2000, lors du début de la seconde Intifada, dans la ville palestinienne de Ramallah. Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, a qualifié cet acte sur le mémorial de la Shoah d' »acte abject » et de « cri de haine contre les Juifs ». Il a exprimé cette condamnation dans un message publié sur le réseau social X.
Anne Hidalgo, la maire de Paris, a également condamné ces « actes indescriptibles » et a saisi la procureure de la République de Paris pour enquêter sur ces actes, qui peuvent être constitutifs du délit d’injure publique à caractère antisémite, conformément à l’article 40 du code de procédure pénale.
Mardi matin, la sphère politique a exprimé son indignation face à ces actes de vandalisme. Eric Ciotti, le dirigeant des Républicains, a fustigé sur X cette « dégradation insoutenable ». Valérie Hayer, principale candidate de Renaissance lors des élections européennes, a avoué qu’elle était « glacée de terreur». Par ailleurs, la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, a également condamné un « antisémitisme effréné ». Le leader national du Parti communiste français, Fabien Roussel, a sévèrement dénoncé une « profanation abominable » et un « acte antisémite ».
Le Mémorial de la Shoah, dans une déclaration, a exprimé son indignation face à « cet acte honteux et haineux » qui a eu lieu dans un « contexte d’augmentation de l’antisémitisme ». Cet acte s’est produit le même jour que la commémoration de la « rafle du billet vert » du 14 mai 1941, lorsque 3700 Juifs de la région de Paris ont été arrêtés et déportés, annonçant la rafle du Vél’ d’Hiv. « Une plainte a été déposée, l’enquête de police est en cours », a déclaré le mémorial. Son directeur, Jacques Fredj, a tenu à souligner sur X : « Nous luttons contre l’intolérance et l’ignorance dans une période de confusion et de manipulation de l’histoire de la Shoah et des génocides. »