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15 mai 2024 21 h 10 min

« Nous y étions »: Rage Hommes Falaise D-Day

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En 1994, lors du 50ème anniversaire du débarquement en Normandie, Annick Cojean, une journaliste, avait mené plusieurs interviews détaillées avec dix-huit figures majeures du 6 juin 1944, pour une série d’articles hautement reconnus. Ces protagonistes, des Américains, Canadiens, Britanniques, Français et même des soldats allemands, éclairaient leurs expériences personnelles du « D-Day ». Ce recueil donnait une image si enrichissante de ces moments marquants de l’histoire que les éditions Grasset et « Le Monde » ont choisi de les republier as l’approche du 80ème anniversaire, y ajoutant une préface et un contexte. C’était l’opportunité nécessaire pour rendre hommage aux dix-huit participants qui sont maintenant décédés. Dans l’extrait ci-dessous, le ranger Leonard Lomell partage un moment crucial : l’escalade de la pointe du Hoc.

Extrait de bonne lecture. Neuf péniches d’assaut sont prises dans une mer rugissante et glaciale, accostant sur la plage étroite située sous la falaise vertigineuse de la pointe du Hoc, à mi-chemin entre Omaha et Utah. Les hommes du 2ème bataillon de Rangers US s’apprêtent à s’embarquer dans ce que le général Omar Bradley a décrit comme « la mission la plus dangereuse du D-Day » : monter la falaise abrupte, détruire la batterie de canons qui menace les deux plages à la fois et bloquer la route côtière aux Allemands. Une mission suicide ? Beaucoup pensent que oui. Mais Len Lomell, le premier sergent, âgé de 24 ans, ne voit rien qui pourrait terrifier un ranger.

6 juin 1944, 7h10. Le ranger américain, Len Lomell, s’apprête à escalader la pointe du Hoc.

Je n’avais pas l’ambition d’être un héros, mon souhait simple était de réaliser la tâche qui m’était assignée. Les Rangers, un groupe pour lequel on avait effectué une préparation spécifique, étaient en charge d’une mission épineuse. Il était impératif de ne pas décevoir la confiance placée en nous. C’était une affaire de fidélité et de professionnalisme. La mission se devait d’être une réussite. Inutile de torturer son esprit.

Peur, de quoi exactement? Nous étions l’élite! Je me sentais prêt, capable et qualifié. Par conséquent, j’étais complètement rassuré. Aucun soldat allemand, pensais-je, ne serait suffisamment puissant pour me vaincre; aucune armée ne pourrait résister contre un bataillon de rangers. Ce n’était pas une question de force physique. Nous incarnions le leadership moral.

Les rangers, comprenez-le bien, sont distincts des militaires ordinaires. Ils représentent la fine fleur de l’armée. Ils sont sévèrement sélectionnés et très motivés. Et je peux vous assurer que le processus de sélection était impitoyable: examens médicaux, entretiens psychologiques, entraînements physiques épuisants… À Camp Forrest, au Tennessee, où nous approfondissions notre entraînement, nous avions la capacité de réaliser une course de huit kilomètres à l’aube avant le petit déjeuner, de gravir des falaises, de franchir des fils barbelés, de parcourir cinquante kilomètres à pied sous un soleil écrasant, tout en portant un sac, sans marquer de pause, et d’être malgré tout prêts pour le combat à corps perdu… Oui, les Rangers étaient un groupe d’élite. La mission de la Pointe du Hoc doit nécessairement être perçue à travers ce prisme. Sinon, cela aurait été de la pure folie.

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