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15 mai 2024 23 h 13 min

Manifestations en Géorgie après vote loi controversée

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Un projet de loi controversé, qui pourrait faire obstacle à l’entrée de la Géorgie dans l’Union européenne (UE), a suscité l’opposition de près de 30 000 Géorgiens. Ces derniers se sont rassemblés au cœur de la capitale, Tbilissi, le soir du mercredi 15 mai, d’après les informations fournies par l’Agence France-Presse (AFP).
Le rassemblement a attiré des dignitaires étrangers, dont les ministres des affaires étrangères d’Estonie, d’Islande, et de Lituanie, qui étaient en visite dans le pays. Ils se sont associés à la foule avant de lui adresser un message de solidarité.
L’OTAN, la Commission européenne et l’Organisation des nations unies (ONU) ont toutes exprimé leur mécontentement face à cette initiative gouvernementale le jour suivant le vote. Les protestations contre cette loi, qui s’inspire de la législation russe pour juguler l’opposition et qui vise les médias et les ONG bénéficiant de financements étrangers, persiste depuis plus d’un mois. Les manifestations attirent d’énormes foules, brandissant des drapeaux européens, ukrainiens, et géorgiens tout en scandant des slogans anti-russes, réminiscence du conflit qui a opposé la Russie et la Géorgie en 2008.
Mercredi soir, plusieurs milliers d’individus ont débuté un blocage d’une grande intersection à Tbilissi, causant des perturbations de la circulation dans la partie centrale de la capitale. Anuka Liparteliani, une étudiante de 19 ans, a déclaré à l’AFP : « Nous manifestons quotidiennement depuis plus d’un mois et nous continuerons jusqu’à ce que cette loi russe soit supprimée », ajoutant qu’ils prévoient de destituer le gouvernement pro-russe lors des élections législatives prévues en automne.

Protestations ont été notées dans les municipalités de Kutaisi et Tsalenjikha, à l’ouest de la nation. Josep Borrell, ministre des affaires étrangères de l’Europe, représentant la Commission Européenne, a exhorté la Géorgie a renoncer à cette législation qu’il considère contraire aux « valeurs » et aux “critères primordiaux” de l’UE.

« Un large impact sur la liberté d’expression »

Farah Dakhlallah, porte-parole de l’OTAN confirme que cette loi risque de retarder son intégration non seulement européenne, mais aussi euro-atlantique. L’approbation de celle-ci, déclare Borrell, aura des conséquences “négatives” pour le processus de candidature de ce pays à l’UE. Depuis décembre 2023, la Géorgie est officiellement candidate à l’Union Européenne et désire également faire partie de l’OTAN.

La Présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, qui est en conflit ouvert avec le gouvernement du pays et qui est pro-européenne, devrait probablement opposer son veto à ce nouveau texte juridique. Cependant, le parti politique dominant, Rêve Géorgien, garanti détenir assez de soutien au Parlement pour contrer cela.

« Les conséquences de cette loi sur les libertés d’expression et d’association en Géorgie risquent malheureusement d’être ênormes », a exprimé avec regret Volker Türk, haut-commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme.

Déjà mardi, les Etats-Unis avaient répondu en signalant qu’ils pourraient probablement « réexaminer » leurs relations avec la Géorgie. Mercredi, les ministres des affaires étrangères de Lettonie, d’Estonie, de Lituanie et d’Islande se sont rendus à Tbilissi pour exprimer leurs préoccupations.

Lors d’une conférence de presse avec des délégués baltes et islandais, la présidente Zourabichvili a suggéré des modifications au projet de loi, tout en mettant en garde contre tout dialogue « artificiel ». De son côté, le Premier ministre Irakli Kobakhidzé s’est dit ouvert à l’idée de possibles changements. À l’heure actuelle, le projet de loi exige que toute ONG ou tout média qui reçoit plus du cinquième de son financement de sources étrangères s’enregistre comme une « organisation représentant les intérêts d’une puissance étrangère », et se plie à une surveillance administrative.