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15 mai 2024 21 h 13 min

« Changement dans Continuité sous Wong »

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Lawrence Wong, 51 ans, a prêté serment comme le nouveau premier ministre de Singapour ce mercredi soir le 15 mai, marque le quatrième changement de chef de l’Etat dans ce pays depuis six décennies. Wong, l’ancien ministre de la santé qui s’est fait connaissance pendant la pandémie de Covid-19, prête serment à l’Istana, le palais exécutif de ce pays de 5,7 millions d’habitants situé à l’extrême de la péninsule malaise. La transition du pouvoir marque l’aspiration du Parti d’action du peuple (PAP), parti au pouvoir depuis l’indépendance de Singapour en 1965, à rajeunir. L’ancien premier ministre, Lee Hsien Loong, se retire à l’âge de 72 ans après une domination de deux décennies.

Malgré sa démocratie parlementaire, Singapour a vu une montée de la dissidence parmi les nouvelles générations ces dernières années. Beaucoup d’entre elles ont choisi de faire carrière à l’étranger (Australie, Royaume-Uni, États-Unis) malgré les salaires élevés à domicile. Notamment, aux élections législatives de 2020, le PAP a essuyé une défaite sans précédent, perdant dix sièges sur 93 à l’Assemblée au bénéfice du Parti des travailleurs, un parti social-démocrate.

La méga-majorité du PAP n’a été en réalité qu’amoindrie, reposant sur un mécanisme institutionnel biaisé à son avantage, incluant des modifications stratégiques de la constitution. « La suprématie du PAP s’appuie également sur une série d’initiatives innovantes qui ont facilité l’intégration de l’opposition à leur mouvement », déclare l’éminente chercheuse française Eugénie Mérieau, spécialiste de la « démocratie illibérale », comme elle décrit Singapour, et professeure de droit public à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne.

Elle explique que « neuf membres de la société civile ainsi que deux ‘meilleurs perdants’ ont été conviés au Parlement en 2020, ce qui donne aux Singapouriens l’impression que des membres de l’opposition ont une présence et une voix au Parlement, même s’ils ne votent pas pour eux ». M. Wong devrait annoncer de nouvelles élections législatives avant la fin 2025. D’après certaines estimations, celles-ci pourraient avoir lieu dès la fin 2024, afin de permettre au PAP de récolter les bénéfices de la transition avant que la lassitude ne prenne le dessus.

« Revigorer le pacte social »

Le nouveau chef du gouvernement représente une image plus sociale, probablement mieux en phase avec les Singapouriens ordinaires, que son antécédent, un militaire de haute rangée et fils ainé de Lee Kuan Yew, le père fondateur de Singapour. Né dans un milieu modeste, fils d’un commerçant de revêtements de toit, Lawrence Wong a grandi dans des habitations à loyer modéré et a reçu une bourse de l’université du Wisconsin-Madison, aux États-Unis. De confession méthodiste, mélomane et motocycliste passionné, cet excellent agent de l’Etat, qui a entamé sa carrière politique en 2011 et vite perçu comme un des leaders de la « quatrième génération » potentiels du PAP, a longtemps été un outsider dans la compétition pour la succession.
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