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15 mai 2024 19 h 10 min

« Adoucissement »: Tactique d’Erdogan après débâcle municipale

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Dans un récent événement surprenant qui s’est déroulé le 24 avril, dans un parc possiblement situé à Ankara, la capitale de la Turquie, Devlet Bahçeli, le leader du Parti d’action nationaliste (MHP), un parti d’extrême droite, a déambulé seul, silencieux et devant une caméra. La vidéo a été diffusée avec la musique de Ferdi Tayfur, un célèbre crooner turc, interprétant une chanson d’amour passionné en style arabe. Bahçeli, un symbol attachant de l’ultranationalisme turc le plus réactionnaire, s’est associé avec Recep Tayyip Erdogan suite au coup d’État avorté en juillet 2016.

La vidéo a suscité une vague de spéculations sur les réseaux sociaux et dans les médias. Bahçeli, à l’âge de 76 ans, incarne le tournant autoritaire d’Erdogan. Néanmoins, ce clip a soulevé plusieurs interrogations parmi les citoyens turcs suite aux récentes élections municipales du 31 mars.

Suite à la défaite dévastatrice subie par la coalition au pouvoir lors de ces élections, le Parti de la justice et du développement (AKP) du président a également été affecté. Non seulement l’AKP n’était plus le premier parti politique du pays, mais le MHP de Bahçeli, tout comme d’autres partis nationalistes, avait également perdu plus de la moitié de ses voix par rapport aux élections générales de 2023. Le parti de Bahçeli, avec un score de 4,9 %, est descendu à la cinquième place, derrière le parti propkurde DEM, une situation qui a créé des déséquilibres.

Cinq jours après l’apparition de la vidéo, le président a fait une visite à Bahçeli chez lui, marquant leur première rencontre depuis leur échec électoral. Aucune information de cette réunion privée n’a été divulguée. Le 2 mai, Erdogan a également rencontré Özgür Özel, le leader du parti gagnant des élections, le Parti républicain du peuple (CHP), qui s’est rendu au bureau de l’AKP.

Un changement de discours notable

L’évènement a été étiqueté d ‘ »historique » par l’opposition et les médias soutenant le gouvernement. Jamais auparavant, en huit ans, le président ne s’était rencontré avec le leader du principal parti d’opposition. La rencontre qui a duré trente minutes s’est clôturée sans conférence de presse. Cependant, la présence de Namik Tan, un membre du CHP et ancien ambassadeur à Washington et en Israël, suggère que la crise à Gaza et les relations entre les États-Unis et la Turquie ont sans doute été discutées, tout comme les salaires, l’état de droit et l’ébauche d’une nouvelle Constitution souhaitée par M. Erdogan.

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