Le 8 et 9 juin, plus de 48 millions de citoyens français, parmi 358 millions de votants des vingt-sept nations membres de l’Union européenne (UE), sont invités à voter pour élire leurs délégués au Parlement européen. Les questions en débat sont graves : l’immigration, la défense, la politique agricole commune, et la transition écologique. Cependant, la santé est un sujet souvent négligé.
Les enjeux de santé pour notre nation et notre continent sont multiples : fabrication de médicaments et de génériques, assurances-santé, accès aux services de santé, recherche, attractivité des carrières médicales et paramédicales, longévité, coûts des soins, équité et accès aux innovations thérapeutiques, entre autres. « Équité et accès aux innovations thérapeutiques au niveau européen » : un défi colossal mais souvent négligé.
En 1995, l’Europe a réussi à établir une procédure unique pour introduire de nouveaux médicaments sur le marché en créant l’Agence européenne des médicaments (AEM). Dès l’approbation d’un nouveau médicament par l’agence, sa mise en vente est potentiellement possible dans tous les pays de l’Union le mois suivant l’autorisation accordée par l’AEM. En théorie, tous les patients européens ont la possibilité de bénéficier simultanément des progrès thérapeutiques. En pratique, cela n’est pas toujours le cas.
Le rapport Venturi 2020, présenté sur le site de l’Assurance-maladie, expose une comparaison internationale des délais d’accès moyen au marché, c’est-à-dire le nombre de jours s’écoulant entre l’autorisation de mise sur le marché et l’inscription sur la liste de remboursement d’un produit. On remarque une différence majeure : 133 jours sont nécessaires pour l’Allemagne, tandis que la Roumanie nécessite 899 jours, soit deux ans de décalage. La France, avec une moyenne de 497 jours, se situe à mi-chemin, derrière les Pays-Bas (294 jours), mais avance légèrement face à la Belgique (534 jours) ou la Slovaquie (564 jours).
Le sujet concerne de manière transversale et unificatrice puisque l’approbation d’un médicament, validée par l’AEM, s’applique à l’ensemble de l’UE, sa prise en charge par le système de remboursement reste néanmoins une décision propre à chaque pays ou région, comme en Espagne ou en Italie. Ce système génère d’importantes inégalités d’accès, surtout pour des traitements onéreux qui peuvent grandement influencer le pronostic vital, comme en oncologie. Un patient allemand aura donc plus de chances de recevoir un traitement innovant augmentant sa survie, qu’un patient roumain. Malgré une évaluation effectuée par une commission autonome de l’AEM, chaque Etat conserve le contrôle sur l’accès et le remboursement du médicament.
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