Une défenseure de la démocratie en Thaïlande, détenue en attendant son procès pour des accusations de lèse-majesté, est décédée à la suite d’une grève de la faim, a déclaré le mardi 14 mai, les autorités pénitentiaires. La militante, Netiporn Sanehsankhom, âgée de 28 ans, a subi un arrêt cardiaque le mardi matin et n’a pas réagi aux traitements médicaux, selon l’agence gouvernementale responsable des incarcérations. Son décès paisible a été annoncé à 11h22, heure locale (6h22 à Paris).
Sanehsankhom, plus connue en Thaïlande sous le surnom de « Bung » ou « chenille », était membre du groupe de protestation ThaluWang, apparu en 2020 lors de manifestations importantes appelant à une réforme en profondeur de la monarchie. Depuis, les dirigeants de ce mouvement font l’objet de persécutions par les autorités en invoquant une loi controversée sur la lèse-majesté qui punit toute calomnie envers le roi ou sa famille d’une peine maximale de quinze ans de prison.
Des groupes de défense des droits de l’homme ont critiqué l’utilisation de cette loi à des fins politiques pour faire taire toute dissidence dans un système toujours contrôlé par la monarchie militaire royaliste.
Ce décès est un « rappel choquant » de cette réalité, Sanehsankhom a été arrêtée en janvier dans le cadre de poursuites pour lèse-majesté liées à une enquête publique qu’elle avait menée en 2022 sur l’importance du cortège royal.
Peu de temps après avoir entamé une grève de la faim pour plaider pour une réforme judiciaire et la libération des prisonniers politiques, elle a été transportée à l’hôpital. Selon le groupe d’avocats pour les droits de l’homme (TLHR), deux détenus politiques en Thaïlande sont actuellement en grève de la faim.
La section thaïlandaise de Amnesty International, une organisation de défense des droits de l’homme, a qualifié la mort de Netiporn Sanehsankhom de « rappel effroyable que les autorités thaïlandaises dénient aux activistes leur droit à une libération sous caution temporaire et utilisent l’emprisonnement pour étouffer l’expression pacifique de leur opposition ».
Le parti d’opposition Move Forward, célèbre pour avoir fait campagne pour une réforme de la monarchie, a émis un communiqué suggérant que nul ne devrait être incarcéré pour ses convictions politiques et que ceux accusés d’actes politiques illégaux devraient être libérés sous caution.
Entre le début des manifestions pro-démocratiques en juillet 2020 et février 2024, plus de 270 individus ont été accusés de violer la loi de lèse-majesté, selon TLHR.
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