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14 mai 2024 0 h 08 min

« Lutte insuffisante contre le narcotrafic violent »

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Il y a une prolifération de marchés en plein air pour les drogues illégales en France. D’après l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), la consommation de cocaïne a doublé parmi les 15-30 ans en dix ans. La situation est d’autant plus alarmante que la France fait partie des cinq pays européens les plus touchés par la consommation de cocaïne et fait face à des problèmes majeurs de violence criminelle et de troubles publics. En 2023, à Marseille, le nombre d’homicides a atteint un pic avec 47 cas, un record sans précédent. Et la France n’est pas le seul pays touché. Le sociologue suédois Manne Gerell note une concentration élevée de violence armée dans deux grandes villes de Suède, Stockholm et Malmö, liée aux marchés de drogues en plein air.

Malgré le coût économique plus élevé de l’alcool et du tabac, des drogues pourtant légales, comparé à celui de la lutte contre les drogues illégales et la violence sur les marchés en plein air, les dirigeants politiques envisagent d’éliminer ces points de vente de drogues par la force, au nom de la morale et de la loi. Même si ce n’est pas suffisant pour combattre la violence liée au trafic de cocaïne, l’objectif est indéniable : perturber la chaîne d’approvisionnement pour réduire les troubles publics et dissuader l’usage de ces substances.

La lutte contre la drogue est une occasion pour les ministres de l’intérieur d’exposer leur détermination. Nicolas Sarkozy, en 2005, avait affirmé qu’il allait « nettoyer » les banlieues avec une intervention de 250 policiers et CRS dans le quartier de la Castellane à Marseille. En 2013, Manuel Valls a mis en place sa « stratégie de reconquête républicaine », qui a vu l’arrestation de 23 individus et la saisie d’armes et d’un million d’euros en liquide à la Castellane, grâce à l’action de 200 agents de police. Gérald Darmanin, à son tour, a déclaré la « guerre à la drogue » et prétend avoir démantelé 1000 points de deal d’ici le début de 2024, c’est-à-dire un sur cinq.

Les efforts démontrés, associés à une indignation morale, et les apparences de triomphes devant les caméras servent principalement à des fins de communication. Ils visent à protéger l’image du ministre et à persuader que la police est l’entité qui va finalement vaincre le fléau de la drogue, à la manière de Saint Georges conquérant le dragon.

Toutefois, les experts relèvent la complexité de supprimer les marchés de drogues en plein air dues à trois particularités spécifiques. Premièrement, la valeur monétaire élevée de ces stupéfiants illicites en comparaison à leur poids, permet aux trafiquants de recourir à des techniques sophistiquées pour cacher et transporter des quantités relativement petites. Deuxièmement, ces marchés sont généralement formés de petites entreprises individuelles, non-intégrées verticalement et technologiquement rudimentaires. Ces caractéristiques assurent leur grande capacité à résister aux actions menées par les autorités.

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