Le projet de loi sur le logement abordable, introduit par Gabriel Attal et discuté le vendredi 3 mai en conseil des ministres, sera présenté au Sénat début juin. Ce texte a pour objectif de favoriser une densification raisonnable des zones résidentielles, en encourageant notamment la construction de logements supplémentaires dans les jardins. Selon le Premier ministre, cette mesure est particulièrement adaptée.
Selon Sylvain Grisot, urbaniste et auteur de Redirection Urbaine, inspiré par cette idée, les quartiers résidentiels ont un immense potentiel pour la création de nouveaux logements. L’idée s’inscrit aussi dans la loi Climat et résilience de 2021, avec le souhait de réduire la construction sur les espaces verts, agricoles et forestiers, avec un objectif de zéro artificialisation nette d’ici à 2050.
En plus d’atteindre ces objectifs écologiques, cette initiative permet de continuer à produire des maisons individuelles, qui ont représenté plus de la moitié des logements construits au cours de la dernière décennie. D’après un sondage de Kantar pour La Fabrique de la Cité en 2022, 79% des français souhaiteraient vivre dans ce type de logement. David Miet, co-fondateur et dirigeant de la start-up Villes Vivantes, ajoute que ces maisons peuvent être construites sur de petites parcelles sans l’intervention d’un promoteur immobilier, ce qui permet de réduire les coûts. Cette proposition vise également à « limiter les lotissements ».
Les dispositions législatives établies stimuleront-elles une densification douce suffisante? Thierry Repentin, le maire socialiste de Chambéry qui est également un des co-présidents du groupe de travail sur le logement de l’Association des maires de France, pense que ces mesures pourraient aider les maires à résoudre certains problèmes, mais qu’elles n’entraîneront pas un choc d’offre.
Le gouvernement fait appel aux maires pour initier ce changement, mais ces derniers n’ont pas démontré beaucoup d’enthousiasme ces dernières années. Sylvain Grisot offre une explication: la densification existante des secteurs résidentiels a déjà commencé, cependant, elle n’a pas été aussi agréable que prédit, produisant des bâtiments indésirables. Cette situation a engendré la suspicion chez les citoyens et a provoqué des conflits. Par conséquent, les maires ont surtout limité les droits de construction.
Le fondateur d’iudo, une start-up dédiée à l’intensification des zones résidentielles, Benjamin Aubry, est souvent confronté à une forte résistance envers l’évolution de ces zones, en particulier en Ile-de-France. Des réglementations locales d’aménagement intercommunaux sont très rigides, comme c’est le cas pour Vincennes et Saint-Maur-des-Fossés, où les règles s’étendent sur des documents de 800 pages, complétés par 1000 pages d’annexes. Leur objectif principal est de bloquer la construction d’immeubles par des promoteurs, mais ils ont également pour effet de dissuader les propriétaires de développer un nouveau logement. David Miet de Villes Vivantes a également noté cette tendance à la stagnation dans les zones résidentielles des métropoles. Il mentionne que les arguments écologiques sont souvent utilisés pour justifier cette résistance. Toutefois, un petit jardin est plus efficace pour lutter contre les îlots de chaleur qu’un grand gazon. Il soulève aussi la question de la justice sociale et de l’impact environnemental de forcer ceux qui ont moins de moyens à vivre loin, augmentant ainsi leurs frais de transport et la pollution. Le reste de l’article est réservé aux abonnés.
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