Frédéric Lauze, le nouveau président du syndicat des commissaires de la police nationale à 61 ans, plaide pour une réforme radicale de l’approche policière en France. Il critique la dépendance excessive de la police à l’intervention rapide et plaide pour une démarche plus bienveillante et durable dans les zones sensibles. Sa proposition, en substance, est de renouveler la police de proximité.
En 2023, le gouvernement a déclenché une série d’opérations massives pour contrecarrer le commerce illégal de drogues, surnommées « Place nette ». Interrogé sur l’efficacité de telles opérations, Lauze reconnaît qu’elles constituent un pas positif, surtout dans les zones gravement touchées où les résidents ressentent une grande insécurité. Cependant, il souligne les limites de ces opérations et préconise une approche plus holistique pour lutter contre la criminalité.
Selon Lauze, les efforts devraient être orientés vers des enquêtes approfondies pour démanteler les réseaux criminels, nécessitant à la fois des compétences techniques et une certaine discrétion. De plus, reprendre le contact avec les citoyens sur le terrain, construire la confiance par des patrouilles à pied, et avoir des policiers basés régulièrement sur un territoire spécifique sont autant d’éléments clés pour atteindre cet objectif. Pour lui, la reformulation de l’approche policière ne concerne pas seulement les ressources, mais implique également une remise en question de la philosophie d’action actuelle.
La suppression du système de police de proximité en 2003 a été une erreur stratégique, peu importe comment nous l’appelons. La police a été considérablement limitée à l’action d’intervention en conséquence. Quand la police de sécurité quotidienne a été introduite en 2017, elle n’était plus politiquement soutenue très tôt.
Pourquoi cela s’est-il produit? Les raisons peuvent être politiques et la croyance que seule la police d’intervention était nécessaire et efficace en est une possibilité. L’absence de ressources a aussi joué un rôle. De manière générale, le prix que nous payons pour cela est très élevé, car le fossé entre la police et certains habitants de quartiers difficiles, et même certains élus, ne cesse de se creuser. C’est un fait : une police uniquement axée sur l’intervention est vouée à l’échec et ne fait qu’exacerber les tensions.
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