Dans la nuit du 12 au 13 mai, Tbilissi a été animée par des milliers de manifestants qui, malgré le froid et la pluie, ont fait onduler les drapeaux géorgiens et européens avec enthousiasme aux alentours du Parlement. L’ambiance était au réjouissance, grâce à une scène et un puissant système de son mis en place par les organisateurs de la manifestation. Les participants ont passé une grande partie de la nuit à danser, chanter et crier des slogans. Ils avaient l’intention de maintenir leur présence dans le but de bloquer l’entrée du Parlement aux députés qui devaient se réunir le lundi matin à 9 heures pour débattre de la loi, inspirée par la Russie, sur « l’influence étrangère », en désaccord avec les aspirations européennes de la Géorgie.
Cependant, à l’aube, alors que la foule des manifestants se dispersait, un important contingent de police a fait son apparition, exigeant que les personnes présentes quittent les lieux et dégagent les accès au Parlement. La police a réussi à dissiper les manifestants rapidement et de manière assez brusque, sans toutefois avoir recours aux gaz lacrymogènes ou aux canons à eau.
Plus tôt, au cours de la journée de dimanche, le premier ministre, Irakli Kobakhidze, avait mis en garde contre tout débordement. Il a averti les membres de groupes radicaux d’opposition qu’ils auraient à répondre de leurs actes violents devant la justice. Dans le même temps, son ministre de l’intérieur, Vakhtang Gomelauri, menaçait d’une peine pouvant aller jusqu’à quatre ans de prison ceux qui chercheraient à bloquer les accès du Parlement, au nombre de trois.
Le Premier Ministre a révélé, lors d’une session d’information dans la capitale, que l’adoption de la nouvelle loi envisagée serait mise en œuvre demain ou le jour suivant. Un sondage inconnu jusqu’à présent a indiqué que 61 % de la population soutient cette loi. Insistant sur le fait que ceux qui manifestent ne devraient pas outrepasser leur droit à la protestation, Monsieur Kobakhidze a réaffirmé l’objectif de la loi : améliorer la transparence autour du financement des organisations non gouvernementales et des médias.
Cependant, les protestataires restent sceptiques, convaincus que cette loi n’a qu’un seul objectif : réprimer la société civile. C’est le cas en Russie où une législation semblable, mise en place en 2012, a progressivement stigmatisé toutes les voix contestataires du régime de Vladimir Poutine, les étiquetant comme « agents étrangers ». Récemment, les législateurs russes ont renforcé cette loi, excluant de la course électorale ceux qui sont classifiés comme « agents », selon une liste établie chaque semaine à Moscou. Vous n’avez lu que 47.48 % de cet article, le reste étant réservé aux abonnés.
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