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13 mai 2024 17 h 09 min

« Défection d’un juge polonais accusé d’espionnage »

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L’histoire du juge Tomasz Szmydt, un membre du tribunal administratif régional de Varsovie qui s’est enfuit vers la Biélorussie, continue de sévir en Pologne. Le Polonais, qui est apparu le 6 mai sur les plateformes de médias sociaux et en conférence de presse à Minsk, a déclaré vouloir bénéficier de « l’asile » du président biélorusse, Alexandre Loukachenko. Sur la plateforme sociale X, Szmydt a affirmé être victime de « harcèlement et d’intimidation en raison de son positionnement politique autonome » dans son pays natal.

« Je dénonce les dirigeants polonais qui, sous la pression des États-Unis et du Royaume-Uni, mènent la nation vers la guerre. Les citoyens polonais aspirent à la paix et à une coexistence harmonieuse avec la Biélorussie et la Russie », a écrit le fugitif, louant Alexandre Loukachenko comme étant un « excellent président ».

Partisan de Vladimir Poutine, président russe, lors de la vaste invasion de l’Ukraine en 2022, le leader biélorusse, en fonction depuis 1994, réprime durement tout désir de démocratie chez ses citoyens. Il a expliqué le 9 mai qu’il « analyserait » la requête de Tomasz Szmydt, le qualifiant de « brave homme ». En Pologne, le procureur national accuse Szmydt d’espionnage pour le compte d’un pays étranger. Le juge, déchu de ses responsabilités et ayant perdu son immunité le 9 mai, risque une peine de prison à perpétuité.

Selon le premier ministre Donald Tusk, les actions de Tomasz Szmydt peuvent être qualifiées de « trahison grave ». Le 8 mai, suite à une réunion urgente des dirigeants des services spéciaux, il a soutenu que les indications pointent vers la possibilité de Szmydt en tant que source précieuse pour les services de renseignements étrangers. De plus, il a souligné que les liens de Szmydt avec les Biélorusses ne sont pas récents.

Lors d’une autre réunion des services spéciaux le 10 mai, Tomasz Siemoniak, coordonnateur des services spéciaux, a affirmé que l’enquête sur l’influence russe serait réactivée le plus rapidement possible. Initialement créée en 2023 par le gouvernement national-conservateur du PiS (Parti Droit et Justice) pour contourner Donald Tusk lors des élections législatives de l’automne, l’enquête avait été mise de côté suite à des pressions diplomatiques. Tomasz Siemoniak a pour mission de la « modifier » et d’en « supprimer les clauses anticonstitutionnelles ».

Accéder à des informations confidentielles.

Le magistrat Szmydt a acquis des informations sensibles sur l’OTAN et l’Union européenne à travers les affaires dans lesquelles il a siégé. Il était censé prendre des décisions concernant des cas de refus d’octroi d’autorisations de sécurité pour des fonctionnaires. « Il avait un rôle central dans le département des affaires classifiées, ce qui aurait été d’un grand intérêt pour la Russie et la Biélorussie », remarque Igor Tuleya, juge au tribunal du district de Varsovie, interviewé par Le Monde. « Des signes multiples suggèrent que Tomasz Szmydt avait collaboré avec la Biélorussie et la Russie bien avant cela. Il a été reçu avec distinction en Biélorussie, ce qui n’est pas négligeable », ajoute Krzysztof Zegota, professeur à l’université d’Olsztyn et expert des questions de sécurité liées à la Russie et la Biélorussie. Veuillez noter que la lecture de cet article est réservée aux abonnés et qu’il reste 34,83% à lire.