Le dimanche 12 mai, les émissions de France Inter subissent des perturbations en raison d’une grève protestant contre la mise à l’écart du comique Guillaume Meurice, une décision récemment prise par la direction de Radio France. Cette protestation intervient alors que le gouvernement doit présenter son vaste programme de fusion de l’audiovisuel public à l’Assemblée le mardi 14 mai.
La première radio de France avertit sur son site internet qu’elle ne peut pas diffuser la totalité de ses programmes comme d’habitude suite à un appel à la grève lancé par toutes les organisations syndicales représentant Radio France pour soutenir la liberté d’expression. Lors de ces grèves, la station publique remplace généralement ses programmes réguliers par de la musique. Néanmoins, cette perturbation n’affecte pas les émissions matinales des autres stations du groupe public, par exemple Franceinfo, France Culture, France Musique ou les chaînes locales de France Bleu.
À travers cette première action, les syndicats de Radio France (CGT, CFDT, FO, SNJ, Sud, et UNSA) expriment leur opposition à « la répression de l’insolence et de l’humour » suite à la suspension du chroniqueur et le « sacrifice » des émissions de France Inter alors que la direction planifie la programmation de la rentrée à venir.
Guillaume Meurice, célèbre pour son rôle dans l’émission « Le Grand Dimanche soir » de Charline Vanhoenacker, a été écarté de l’antenne le 2 mai en attendant une éventuelle sanction qui pourrait mener à son licenciement. Cette action a été prise quatre jours après qu’il a répété ses commentaires controversés sur Benyamin Netanyahou, initialement tenus le 29 octobre 2023.
Dans le passé, Guillaume Meurice avait suscité des accusations d’antisémitisme après avoir comparé le premier ministre israélien à un nazi circoncis, ce qui a conduit à un dépôt de plainte, récemment classé sans suite. L’humoriste est maintenant convié à une rencontre préliminaire avec les ressources humaines de son émission, soutenu par son équipe.
L’Arcom, l’autorité de régulation de l’audiovisuel, avait précédemment mis en garde Radio France à ce sujet. L’intervention de Rachida Dati, la ministre de la culture, a mis en évidence mardi que le groupe public devait réagir face à la récurrence des déclarations controversées de M. Meurice. Cependant, elle a admis que cette situation posait des questions sur la liberté d’expression.
En dépit du soutien qu’il a reçu, en pleine crise entre Israël et le Hamas au Gaza, la plaisanterie de Meurice a reçu un accueil mitigé à Radio France. L’humoriste Sophia Aram, une des figures de France Inter, l’a notamment condamnée à plusieurs reprises.
Dans sa chronique pour le journal Le Parisien, publiée en ligne dimanche, Sophia Aram a accusé Guillaume Meurice d’avoir utilisé un canal public pour servir ses propres objectifs. Elle a écrit que tout était permis pour faire de ce « Che Guevara des voix de rue », secondé par une équipe déterminée à transformer cette rupture en un supplice.
Cette suspension fait également partie du cadre de la réforme de l’audiovisuel public proposée par le gouvernement, qui est actuellement en cours d’examen par une commission de l’Assemblée nationale depuis mardi.
L’intention est de regrouper France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’INA (Institut national de l’audiovisuel) dans une structure parente à partir du 1er janvier 2025, suivi d’une fusion au 1er janvier 2026. Des objections sont élevées par les syndicats de France Télévisions et Radio France, avec une grève prévue les 23 et 24 mai. En ce qui concerne les préoccupations des syndicats sur la programmation, la Société des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) ont récemment critiqué « un embardée éditoriale » chez la première station de radio française, dans un contexte d’austérité budgétaire. Le programme environnemental « La Terre au carré » est notamment destiné à être revu. Toutefois, la direction a déclaré que cela fait partie du travail habituel sur la grille et maintient que les changements sont mineurs.
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