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11 mai 2024 12 h 10 min

« Universités françaises : Asphyxie et craquements »

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À l’Université Nord-Sorbonne à Villetaneuse, dans le département de Seine-Saint-Denis, une simple visite devient rapidement un bilan des dégradations. Les couloirs et les pièces sont victimes de détériorations et de moisissures suite à chaque pluie conséquente. Les amphithéâtres sont dotés de sièges défectueux, de prises électriques déficientes depuis des années et de projecteurs occasionnellement hors service. Il y a même des filets de secours qui empêchent des morceaux de plafond de tomber sur une passerelle reliant plusieurs bâtiments. De plus, un ascenseur est hors service depuis le début du semestre, empêchant l’accès au deuxième étage du département de lettres pour les étudiants à mobilité réduite.

Invisiblement, une quantité significative d’amiante est présente dans de nombreux bâtiments, avec des mesures de sécurité plus ou moins efficaces. Stéphane Chameron, maître de conférences en éthologie et membre du comité social d’administration affilié à SUD-Education, souligne que le sol est endommagé dans plusieurs endroits, ce qui pourrait entraîner la dispersion de poussière d’amiante dans l’air, mettant ainsi la santé des personnes en danger.

D’après la Cour des comptes, 80 % des infrastructures de l’Université Nord-Sorbonne sont en mauvais état. De plus, au niveau national, un tiers du parc universitaire est jugé dans un état insatisfaisant. Une enseignante de l’université, qui a préféré garder l’anonymat, a déclaré : « Honnêtement, il est honteux de faire travailler les étudiants dans ces conditions. »

« Selon Marc Champesme, en charge du département d’informatique de Paris Nord et membre du syndicat Snesup-FSU, l’encadrement des étudiants est dans une situation alarmante. Au sein de son département, le nombre d’étudiants de première année a plus que triplé entre 2010 et 2022, doublant sur les trois années de licence. Cependant, le nombre de professeurs titulaires est resté inchangé. Champesme dénonce l’obligation d’organiser des séminaires avec soixante étudiants faute de professeurs, alors que le gouvernement insiste sur l’importance de la formation de plus d’informaticiens et de spécialistes de l’intelligence artificielle.

Dans d’autres facultés aussi, des coupes budgétaires d’environ 1 milliard d’euros annoncées en février ont provoqué la frustration des employés, en dépit de l’engagement d’Emmanuel Macron à la fin de 2023 d’investir davantage dans la recherche. Un professeur-chercheur de Sorbonne-Paris Nord déplore que l’université ait été rapidement oubliée malgré les promesses d’en faire une priorité. Cette négligence a affecté surtout les universités des banlieues populaires ou des petites villes déjà en difficulté.
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