L’avenir du petit État insulaire du Pacifique Sud, l’archipel de Tuvalu, est menacé par la montée des eaux et pourrait être submergé d’ici la fin du 21e siècle. Face à ce danger imminent, l’Australie a proposé en novembre 2023 d’accueillir la population de Tuvalu en tant que réfugiés climatiques. En contrepartie, l’Australie demandait un droit de supervision sur les accords de sécurité que Tuvalu pourrait signer avec d’autres pays, ce qui a suscité des controverses au sein de l’archipel sur la question de la souveraineté.
Le jeudi 9 mai, les deux pays ont signé un « mémorandum d’entente » pour clarifier certains points litigieux et permettre la mise en œuvre de l’accord dès 2024.
L’article 4 du mémorandum, qui stipule que l’Australie aura son mot à dire sur « tous les partenariats, accords ou engagements » que Tuvalu envisagerait de signer avec d’autres États en matière de sécurité et de défense, a été vivement critiqué par les habitants de Tuvalu. Ils ont interprété cela comme un droit de veto.
Pour apaiser les tensions, le mémorandum précise que cette clause ne s’appliquera qu’en « un nombre limité de circonstances » et que Tuvalu « n’a pas besoin de l’autorisation de l’Australie pour entamer des discussions avec d’autres partenaires ». Pour éliminer tout doute restant, il précise que chaque partie « peut suspendre les engagements et même mettre fin au traité par accord mutuel ou de manière unilatérale ».
Généralement, ce mémoire expose et certifie les dispositions clé du pacte. Il remet en mémoire que le continent-insulaire fournira son soutien aux îles de la Polynésie en cas d’attaque militaire, de calamité naturelle ou même de pandémie. De plus, il indique que chaque année, l’Australie accordera le statut de résident permanent à 280 citoyens de Tuvalu, qui seront « sélectionnés au hasard » parmi les candidats prêts à partir. Cela devrait permettre à l’Australie d’accueillir à long terme, tous les 11 200 résidents de l’archipel.
Richard Gokrun, directeur du réseau Tuvalu Climate Action, a confié au Monde lors d’un entretien téléphonique qu’il n’a pas prévu de déménager, mais qu’il a l’intention de lutter pour garantir un futur à sa communauté, malgré les conséquences visibles du réchauffement climatique dans son pays, composé de neuf atolls coralliens à la surface de l’eau. « Un des impacts les plus inquiétants de l’élévation du niveau de la mer est le risque pour notre sécurité alimentaire et en eau » exprime le jeune homme, qui a la chance de résider dans la zone la plus haute de l’île principale, Funafuti, à trois mètres au-dessus du niveau de la mer. En février, sa maison est restée au sec alors que la plupart de ses amis ont vu leurs maisons inondées par une marée extrêmement élevée.
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