Le samedi 11 mai, un cortège composé de mascottes surdimensionnées et de drapeaux est prévu dans le Puy-de-Dôme, entre Chignat-Vertaizon et Billom. L’événement, connu sous l’appellation « rando-manif », est organisé par un groupe d’organisations, y compris la Confédération paysanne 63, Bassines non merci 63, Extinction Rebellion, les Faucheurs volontaires et Les Soulèvements de la Terre, pour défendre avec détermination l’eau. Au programme, une journée festive et artistique remplie de marches et d’actions, qui devrait rassembler plusieurs milliers de personnes.
De son côté, le préfet du département, Joël Mathurin, a entretenu des discussions positives avec les organisateurs de l’événement, qui a été formellement déclaré. Il a également échangé avec des agriculteurs locaux, membres de l’association syndicale libre (ASL) des Turlurons. Ces derniers sont responsables des projets de réalisation de deux grandes réserves artificielles que cette mobilisation vise à combattre. Pour prévenir tout rassemblement inopportun à Clermont-Ferrand, surtout près des installations de Limagrain, le préfet a obtenu des renforts des forces de l’ordre. La coopérative Limagrain, qui détient le quatrième plus grand groupe mondial de producteurs de semences, soutient ces réserves d’eau, appelées « gigabassines » par leurs détracteurs. Elles sont les plus grandes de France dans le domaine de l’irrigation agricole jusqu’à présent.
La construction de deux vastes bassins remplis d’eau entre le 1er novembre et le 31 mars est envisagée, en puisant dans l’Allier. Ces bassins seraient situés sur des surfaces recouvertes de bâches plastiques, totalisant des centaines de milliers de mètres carrés, et seraient équipés de panneaux solaires afin de limiter l’évaporation. Parmi ces deux projets, l’un serait localisé à Bouzel, s’étendant sur 15 hectares et ayant la capacité de stocker 1,05 million de mètres cubes d’eau. L’autre, initialement prévu à Saint-Georges-sur-Allier, s’étendrait sur 18 hectares pour accueillir 1,25 million de mètres carrés d’eau, équivalant à environ 500 piscines olympiques de 2 mètres de profondeur. À titre comparatif, le réservoir controversé de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres mesure 720 000 mètres carrés et couvre 10 hectares.
Bien que le préfet confirme qu’aucune demande formelle d’autorisation n’a encore été soumise à ses services, l’administration et les responsables locaux ont déjà été informés du projet lors de réunions en 2023. D’après un communiqué, les trente-six agriculteurs de l’ASL des Turlurons restent en pourparlers pour la réalisation de ces deux ouvrages, qui auraient le potentiel d’irriguer 800 hectares de terres agricoles réparties sur quinze communes, depuis 2016. Ces projets sont développés en étroite collaboration avec les autorités locales et les intervenants de l’écosystème de l’eau.
Des études techniques ont déjà été entamées, mais la suite du dossier est réservée aux abonnés.