La grande finale de l’Eurovision aura lieu le samedi 11 mai prochain à Malmö, Suède, en pleine agitation suite au conflit à Gaza et aux protestations contre la participation de la candidate israélienne au concours. Pour sécuriser l’événement qui accueillera près de 100 000 fans issus de 80 pays, des renforts policiers ont été déployés depuis différents coins de la Scandinavie, y compris du Danemark et de la Norvège. La police prévoit la manifestation de plus de 20 000 personnes à Malmö pour protester contre la participation israélienne. Cette ville au sud de la Suède compte la plus grande communauté palestinienne du pays.
L’artiste israélienne Eden Golan, 20 ans, a gagné jeudi soir sa place en finale avec la chanson « Hurricane », qui avait dû être modifiée car elle était jugée comme faisant référence à l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Joost Klein, le concurrent néerlandais, qui avait été suspendu la veille, a finalement été disqualifié samedi de la finale de l’Eurovision. Selon l’Union Européenne de Radiodiffusion (UER), sa disqualification n’est pas reliée au conflit à Gaza, mais à une plainte déposée par une femme membre de l’équipe de production après un incident qui a eu lieu après sa prestation lors de la demi-finale de jeudi soir. L’UER a déclaré dans un communiqué: « Tant que l’enquête judiciaire est en cours, il ne serait pas approprié qu’il reste dans le concours ».
La disqualification du chanteur a été considérée par Avrotros, le diffuseur hollandais, comme excessif, selon une déclaration faite à l’Agence France-Presse. L’organisation a exprimé son étonnement face à cette décision et a promis d’y revenir plus tard, tout en exprimant son profond regret. Initialement, il était prévu que 26 pays se disputent le titre de lauréat détenu par la Suède lors de la compétition qui avait attiré l’attention de 162 millions de spectateurs en 2023.
Appels pour l’arrêt
L’Union Européenne de Radiodiffusion avait confirmé la présence d’Eden Golan malgré les objections. Récemment, neuf participants, dont sept finalistes, ont demandé un cessez-le-feu à long terme à Gaza, où Israël intensifie ses activités militaires. Israël a commencé à participer à l’Eurovision en 1973 et a remporté le concours pour la quatrième fois en 2018. La candidate israélienne qui était deuxième favorite derrière la Croatie a exprimé son bonheur d’être présente.
Vendredi, Sumar, le parti d’extrême gauche espagnol dirigé par Yolanda Diaz, numéraire trois du gouvernement, a appelé à l’exclusion d’Israël de la finale « au moment où ses troupes massacrent le peuple palestinien et ravagent toute la région ». En réplique, Berlin a qualifié d »inacceptables » les appels au boycott des artistes israéliens, tandis que Paris a réaffirmé que « la politique n’a pas sa place à l’Eurovision ».
Neutralité compromise.
L’UER voit sa prétendue neutralité ébranlée comme jamais auparavant. Eric Saade, le chanteur suédois a été vu mardi portant un keffieh palestinien enroulé autour de son bras. Les syndicats de la VRT, le réseau de télévision public flamand en Belgique, ont brièvement interrompu la diffusion de la demi-finale jeudi soir pour diffuser un message dénonçant les « violations des droits de l’homme par l’État d’Israël ». Un geste que l’UER a regretté, après avoir refusé l’an dernier au président ukrainien Volodymyr Zelensky de prendre la parole lors du concours, invoquant la neutralité politique. Cette année, le conflit en Ukraine a été éclipsé par la guerre à Gaza.
Jeudi, près de 12 000 personnes, dont l’activiste climatique Greta Thunberg, ont manifesté à Malmö contre la présence d’Israël. Avant la demi-finale, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait déclaré que Eden Golan avait « déjà gagné », la félicitant dans un message vidéo pour avoir bravé « une terrible vague d’antisémitisme ».
Selon Eden Golan lors d’une conférence de presse : « je pense que tout le monde est en sécurité ». La police suédoise a déclaré qu’il n’y avait « pas de menace contre l’Eurovision ». L’été dernier, la Suède a augmenté son niveau d’alerte terroriste suite à des actes de profanation du Coran.
Concernant les célébrations, l’édition 2024 propose un large choix de genres musicaux, allant de la ballade à l’électro. Malmö, la troisième plus grande ville de Suède, espère offrir aux fans « le temps de leur vie », comme le disait la chanson d’Abba, qui a remporté l’Eurovision pour le pays il y a cinquante ans.
Selon Andreas Önnefors, expert du concours, cette année plusieurs morceaux témoignent de la question de la santé mentale. Nombre de jeunes chanteurs expriment leurs difficultés et leurs combats liés à leur propre identité, à l’image de Nemo (Suisse). Eden Golan, par exemple, a affirmé que son titre Hurricane décrit les défis personnels et les émotions d’une jeune fille. Quant à la France, qui avait obtenu la 16ème position en 2023, elle sera représentée cette année par l’artiste Slimane, qui chantera le morceau Mon amour.
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