Depuis le mardi 7 mai, le bâtiment B de l’Université libre de Bruxelles, dont l’entrée est ornée d’un long drapeau palestinien, sert de lieu de résidence, de cantine, de dortoir et de salle de débats pour environ 150 étudiants qui y vivent constamment. Pour marquer l’événement, le bâtiment a été rebaptisé en hommage à Walid Daqqa, un écrivain et militant palestinien décédé en avril, après avoir passé trente-huit ans en prison. À l’instar de leurs collègues d’autres pays, notamment la France, les États-Unis, l’Espagne, l’Angleterre, l’Allemagne et les Pays-Bas, ces étudiants de Bruxelles se sont mobilisés pour soutenir le peuple palestinien. Ils demandent spécifiquement à leur université de cesser ses partenariats financiers et académiques avec des institutions israéliennes.
Une de leurs revendications suscite particulièrement l’émoi en Belgique : ils demandent l’annulation de la participation du penseur Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France entre 2000 et 2002, à une conférence-débat prévue le 3 juin intitulée « Israël-Palestine, où va-t-on ? », avec le journaliste Pierre Haski entre autres. Avec un communiqué publié le 7 mai, les étudiants affirment leur refus de laisser un représentant d’un « État fasciste, suprémaciste, d’apartheid, raciste, qui s’est construit par la confiscation des terres palestiniennes et le nettoyage ethnique depuis sa création, justifie et défende les intérêts de l’État israélien, qui est aujourd’hui en plein génocide ».
L’ancien ambassadeur a exprimé son étonnement lorsqu’il a été interrogé par la chaîne belge LN24. Il a critiqué l’ignorance profonde des jeunes aux États-Unis et en France, provenant d’institutions élitistes comme l’Ivy League et Sciences Po. M. Barnavi, un fervent défenseur de la reconnaissance d’un État palestinien, a déclaré : « Je suis un patriote israélien. Je suis contre l’occupation. De tous temps, je soutiens les Palestiniens ». Il croit fermement que les Palestiniens méritent leur propre État et lutte pour cette cause. Il juge contre-productif de s’attaquer à lui-même et aux universités israéliennes, des lieux de débat vigoureux. De plus, le recteur de l’Université libre de Bruxelles, Annemie Schaus, dans une interview avec l’hebdomadaire Moustique, a rejeté toute annulation, affirmant que l’ancien ambassadeur est un homme modéré. Elle est convaincue que la seule solution au conflit réside en des personnes modérées, même si elles ne sont pas soutenues par leur propre gouvernement. Ainsi, elle n’annulera jamais la venue d’Elie Barnavi à l’ULB.